15 octobre, 2019

West Side Story O.S.T.


"West Side Story"... mon film culte.

Non ! Cultissime car depuis que je l'ai vu pour la première fois en 1981, je l'ai visionné en intégralité environ 175 fois.

En 1981, pour les vingt ans de sa sortie donc, j'arrivais de cette démarche en canard propre aux femmes gravides qui ont peur de se casser la gueule, tandis que l'ouvreuse m'accompagnait jusqu'à mon siège pour que je ne sois pas bousculée.
Faut dire qu'elle m'a vue cinq fois en deux semaines, alors forcément, ça crée des liens !

Sorti en 1961, le film "West Side Story", tiré de la comédie musicale éponyme jouée à Broadway en 1957, est à la fois un phénomène musical et cinématographique qui a dépoussiéré le genre dans lequel les studios US sont passés maîtres mais qui commençait à prendre un coup de vieux.


West Side Story
: derrière la danse, une peinture sociale de l'Amérique

Le film aux 10 oscars (seuls "Ben Hur" en 1959, "Titanic" en 1997 et "Les Seigneur des Anneaux" en 2011 feront mieux avec 11 oscars) a tout pour plaire aux fans du genre et aux autres : une histoire qui s'inscrit dans la société américaine des 60s', des acteurs et danseurs talentueux, une réalisation au cordeau de Robert Wise et Jérôme Robbins et la musique tout simplement superbe composée et dirigée par Léonard Bernstein.

Des principaux personnages, c'est la fougueuse Anita qui me fait toujours craquer, incarnée par une Rita Moreno au sommet de son talent. Plus tard elle mettra les Muppets en PLS et n'hésitera pas à prêter ses rides au personnage de la mère de l'inspecteur Gorren dans "New-York Section criminelle".

Anita (Rita Moreno) - Danse des Sharks sur le toit

On décrit souvent "West Side Story" comme le "Roméo et Juliette" des temps modernes mais je trouve le raccourci simpliste et incomplet.

C'est aussi (d'abord ?) le tableau d'une société américaine où l'immigration pose le problème de l'intégration dans la société WASP, que cette immigration soit latino, italienne, polonaise, etc. et de la cohabitation de ces populations au sein de quartiers-ghettos tels l'Upper West Side.
A noter que les réalisateurs obtinrent de la ville de New-York l'autorisation de tourner dans la partie du quartier qui allait être démolie pour cause de réhabilitation.

Derrière les mélodies et les danses, "West Side Story" dénonce déjà cette ghettoïsation et les problèmes qui en découlent : un sous-prolétariat, puisé chez les nouveaux migrants sous payés (ce qu'aujourd'hui on appelle le dumping social), le chômage, l'alcool, la drogue, la prostitution, la guerre des gangs (à l'époque ce sont encore des "bandes") et déjà la guerre de territoires.

C'était en 1961, à l'époque il n'y avait pas de Glocks ou d'AR15... en près de 70 ans l'Amérique a bien "évolué" mais passons à la liste des titres.

Maria (Nathalie Wood) entre les Jets et les Sharks

En 15 titres, je vous laisse vous faire votre propre cinéma en replaçant chaque titre dans son contexte.

TRACKLIST :

1.  Prologue : Des lignes noires se dessinent sur fond orange, silhouettes des immeubles de l'Upper West Side qui apparaissent en fondu enchaîné.
Caméra plongeante sur les terrains de basket où jouent les gosses du quartier puis la caméra se resserre sur les Jets oisifs qui déambulent jusqu'à la rencontre avec les Sharks. Poursuite à travers les immeubles.

2. Jets song : Après que Baby John se soit fait bousculer lors de la poursuite, Riff le chef des Jets décide de contacter l'ancien chef, Tony qui lui s'est rangé, afin de régler le problème. "Tu es un jet de ta première clope à ton dernier jour... quand tu as été un Jet, tu restes un Jet.

3. Something's coming : Tony refuse de se mêler à la bagarre que veut déclencher Riff et lui conseille de mettre fin à cette guerre car Tony est certain que sa vie va changer.

4. Danse au gymnase et Mambo : alors que la police, gangrénée par la xénophobie espère que les deux bandes s'entretueront, la municipalité organise une soirée dansante pour tenter de les réconcilier mais peine perdue. La soirée vire à la danse battle jusqu'à la rencontre et le coup de foudre entre Tony et Maria. Tout va basculer et cette soirée met le feu aux poudres.

5. Maria : Tony parcourt les rues à la recherche de Maria et chante son nom au milieu des immeubles.

6. America : pendant ce temps les Sharks regagnent un toit pour préparer un conseil de guerre car Bernardo considère comme un affront la rencontre de sa sœur et de Tony. Anita essaye de le faire renoncer. Les filles vantent, non sans ironie, le modèle économique et le rêve américain tandis que les gars pointent du doigt l'impossibilité de s'intégrer.

7. Tonight : Tony a retrouvé Maria et tous deux se déclarent leur flamme.

8. Gee officer Krupkee : réunis eux aussi en conseil de guerre dans le bar de Doc, les Jets sont pris àpartie par le raciste lieutenant Schrank et le débonnaire sergent Krupkee. Une fois ceux-ci partis, les Jets se livrent à une savoureuse séquence d'auto dérision pour expliquer pourquoi ils sont des délinquants, étrillant au passage les travers de la société blanche américaine.

9. I feel pretty  et One heart, one hand : euphorique, Maria laisse éclater sa joie dans l'atelier de couture où elle travaille avec Anita et les autres "sharkettes". Quand Tony la rejoint à la fermeture, Anita leur fait part de son inquiétude mais décide de les couvrir. Tony et Maria, eux, sont sur leur nuage et évoquent même un possible mariage. Mais quand Tony parle de la bagarre prévue entre Ice, le lieutenant de Riff, et Bernardo, elle le conjure d'intervenir et de l'empêcher.

10. Quintet : chacun se prépare à ce qui doit être une bagarre à la loyale. Mais les deux bandes se rejettent la responsabilité du déclenchement des hostilités et se préparent à utiliser des armes si il le faut.

11. The Rumble : Jets et Sharks se retrouvent sous un pont pour la bagarre prévue. Si Riff essaye de faire que les choses se passent à la loyale, la haine de Bernardo se révèle et quand Tony intervient, il ne rêve que d'en découdre avec lui mais Tony refuse le combat et ne répond pas aux provocations du frère de Maria. Au moment où il celui-ci frappe Tony, Riff s'interpose et les couteaux sortent.
Au moment où Bernardo tue Riff, celui-ci passe son arme à Tony qui a son tour poignarde Bernado.

12. Somewhere : Tony court avouer à Maria qu'il a tué son frère et tous deux comprennent qu'ils n'ont pas d'avenir dans le West Side si ils veulent échapper à la haine. Ils décident de se retrouver au magasin de Doc qui leur prêtera de quoi s'enfuir.

13. Cool : désormais chef des Jets, Ice doit faire redescendre la pression afin d'éviter un bain de sang.

14. A boy like that : dévastée par le chagrin Anita arrive chez Maria et voit Tony se sauver par la fénêtre. Elle laisse éclater sa peine et sa colère mais comprend que Maria aime Tony autant qu'elle aime Bernardo et que toutes les deux partagent le même chagrin. Quand le lieutenant Schrank vient interroger Maria, Anita accepte même de se rendre chez Doc pour prévenir Tony et lui demander d'attendre Maria.

15. Finale : Au magasin de Doc Anita tombe sur les Jets qui la raillent puis la violente. Doc arrive à temps mais ivre de rage et d'humiliation, elle laisse un message bien différent de celui qu'elle apportait : Chino a tué Maria et cherche Bernardo pour le tuer à son tour. Quand Doc apporte la [fausse] nouvelle à Tony, celui-ci part à la rencontre de Chino et le prie de le tuer.
Mais il aperçoit Maria et les deux amoureux se ruent l'un vers l'autre, quand Chino sort de l'ombre et abat Tony qui s'écroule dans les bras de Maria qui crie son désespoir et sa haine "Vous ne l'avez pas tué avec des balles mais avec de la haine."

Le film a peut-être vieilli mais son propos reste contemporain.
"West Side Story" continue à être joué régulièrement sur les planches.

Ses qualités intrinsèques font qu'il reste encore parmi les cinq films les plus oscarisés depuis l'existence de cette récompense et qu'aujourd'hui encore, on reconnait certains titres phares dès les premières notes.

Un bruit court sur une éventuelle adaptation hollywoodienne... Bon courage à celui ou celle qui s'attaquera à ce monument du cinéma !


 



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