08 août, 2024

Orchestral Manœuvres in the Dark en lumière

C'est fou comme le temps passe, hein !
Je sais, cher Melomaniac, j'enfonce une porte ouverte mais il y a des moments où cette réalité t'arrive pleine tronche à la vitesse d'un TGV.

Comme quand après un bon petit repas au resto, tu t'attardes avec le personnel autour d'un petit rhum arrangé tout en parlant musique.
Le plus vieux a trente ans de moins que toi et la plus jeune en a près de cinquante de moins. Dans la bonne humeur, on écoute des morceaux qu'on aime, et jusque là, mémère s'en tire sans trop donner l'impression de sortir de Jurassic Park.


La benjamine nous fait écouter un morceau de pur électro. Il me semble reconnaître vaguement la voix. Elle me demande mon avis et quand je lui dis ne pas être une grande fan d'électro, paf ! La remarque qui tue ! "C'est normal, C'est OMD. Tu dois pas connaître, c'est sorti l'an dernier. "

Ce fut plus fort que moi, j'ai éclaté de rire.

A son tour, elle ouvre des yeux ronds quand je lui dis qu'OMD a quarante cinq ans de carrière dans les pattes et que la musique électro a connu ses premiers balbutiements dans les années 50.

Orchestral Manœuvres in the Dark : l'électro choc

Ils sont deux gamins qui fréquentent l'école primaire près de Liverpool au début des 60's et qui en jouant dans la cour de récré sont encore loin d'imaginer leur avenir.
Celui-ci commence à se dessiner dans le milieu des années 70 quand les deux amis jouent dans des groupes de rock locaux, un rock plutôt macho très en vogue à l'époque.

En 1975, Andy McCluskey et Paul Humphreys, rejoints par Malcom Holmes un pote de McCluskey, forment un groupe éphémère, Equinox. Délaissant le rock burné, ils se découvrent un goût commun pour le son électro de Kraftwerk. Après des passages séparés dans divers groupes, les deux copains d'école se retrouvent en 1978 et fondent leur propre groupe : Orchestral Manœuvres in the Dark. Ils débutent en faisant les ouvertures de groupes locaux.

Un an plus tard le tandem retrouve Malcom Holmes, puis sera rejoint par Martin Cooper.
Andy McCluskey est au chant, à la basse et à la guitare, Paul Humphreys au chant et aux claviers, Malcom Holmes se met derrière les fûts et Martin Cooper au saxo et aux claviers.

OMD ne perd pas de temps.
Ils proposent leurs maquettes à différents labels qui sont séduits par leur son léché et original. Orchestral Manœuvre in the Dark son premier single en 1979 sous le label Factory Records.

Une carrière en dents de scie

Début 1980 la sortie de leur premier album, Orchestral Manœuvres in the Dark, pose d'emblée l'identité du groupe avec quatre titres émergents dont Electricity (très influence Kraftwerk) titre écolo qui pose déjà la question énergétique et Messages avec une rythmique plus marquée.
Electricity est leur premier tube.

OMD lâche une bombe

Fin 1980, passé sous le label Virgin Records, OMD sort l'album Organistion.

Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, quand OMD sort le premier single  extrait de cet album, il lâche une vraie bombe !
Sous sa rythmique entraînante qui fera danser dans les boîtes, se cache l'histoire sinistre de la Superforteresse B29, Enola Gay, qui le 6 août 1945 lâchera "Little Boy", la première bombe atomique, sur la ville d'Hiroshima.

Ce succès international est rapidement suivi par un autre tube, Souvenirs, extrait de leur album Architecture & Morality, sorti en 1981 et dont les parties vocales sont assurées par Humphreys. Ce titre évoque le suicide du chanteur du groupe Joy Division (avec qui OMD fit ses premières scènes), Ian Curtis.
Cet album est considéré comme le plus abouti du groupe.

Si Kraftwerk a fait connaître la musique électro, Orchestral Manœuvres in the Dark l'a définitivement fait sortir du ghetto expérimental où l'enfermaient les critiques et il sera le précurseur du mouvement musical d'où émergeront des groupes comme Modern Talking, Tears for Fear ou encore les Communards et les Pet Shop Boys.
En 1983 sort l'album Dazzle Ships qui n'emballera pas le public qui le trouve trop expérimental.

 

Changement de braquet et de line up


Dans le milieu des années 80 OMD opte pour une orientation plus "grand public", moins expérimentale. Leur musique sort de la ligne new wave pour se diriger vers un style plus pop rock et en 1984 sort Junk Culture qui fera oublier le flop du précédent album. Le groupe ajoute des cuivres ainsi que des steel-drums (tambours d'acier) mais ne perd pas pour autant son identité.

Crush, sortit en 1985 renoue avec le succès et permet à OMD de s'imposer dans les charts US.
A noter que le titre So in Love fera l'objet d'une version spéciale enregistrée avec Étienne Daho.
En 1986 le groupe participe à la BO du film "Pretty in Pink" avec notamment le titre If you leave qui cartonnera en Amérique du Nord et en Océanie mais qui laissera le public européen plutôt indifférent. 

A la fin de l'année c'est la sortie  de l'album The Pacific Age, dernier vrai succès d'OMD avec son line up complet.

Séparation et reformation, OMD toujours là

En 1989 Humphreys et Holmes quittent OMD pour fonder leur groupe... sans grand succès, tandis que Cooper décide de se consacrer à la peinture..

Andy McCuskey est pratiquement seul à... la manœuvre et sort de nouveaux albums qui ne renoueront  pas avec les ventes d'antan bien que "Sugar Tax" (1991) soit une réussite musicale et connaisse le succès avec entre autres titres Pandora'x Box et son clip à l'esthétique léchée, en hommage à l'actrice Louise Brooks. Le son est 100 % électro avec des samples vocaux.
L'album "Universal" qui sort en 1996 propose une pop mélancolique, tel le titre Walking on the Milky Way.

OMD ou l'énergie  renouvelable du XXIème siècle

En 2006 Orchestral Manœuvres in the Dark se reforme.
Sorties de best of, de compilations, collaborations avec d'autres artistes et surtout de nouvelles tournées, OMD est toujours bien vivant.

La sortie de leur album "Punishment of Luxury" en septembre 2017, avec le single Isotype rappelle que OMD reste une des grandes références de la musique électro-pop.

En octobre 2023 sort l'album " Bauhaus Staircase", probablement le dernier si on en croit Andy McCuskey.

 

La critique est quasi unanime qui salue un album "brillant", une "cathédrale sonore", et l'accueil du public est tout aussi favorable.
Le 16 février dernier, c'est dans une Cigale bondée qu'Orchestral Manœuvres in the Dark délivre un set de près de deux heures, déroulant les titres de son nouvel opus et rejouant devant un public déchaîné les titres qui ont assis leur célébrité.
Pas mal pour un groupe qui se dit en semi retraite !

Et quel plus beau compliment qu'une jeune demoiselle de dix-sept ans les prennent pour des perdreaux de l'année dernière !
Bien des vétérans de la musique les envieraient !

                 

 

10 commentaires:

  1. merci pour cette page consacré a ce groupe

    je connais quelques titres d'eux
    et j'aime bien, sans etre fan absolu
    j'ecoute ta selection et j'en decouvre
    merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

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    1. Je dépoussière les vieux nanars et tu vois, j'ai bien fait car il y a une actu depuis deux ans.
      Comme quoi il ne faut pas enterrer certains artistes trop vite, ils bougent encore !

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  2. j ai écouté la vidéo bauhaus staircase, très bon , belle vidéo en rouge et noir
    le début ressemble à un autre titre Hyperspace , album: Outside World, artiste ou groupe: starblind,
    https://anycoloured.blogspot.com/2024/07/hula-hoop.html

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  3. tes 2 articles sur OMD apparaissent dans le même cadre orange , comme un seul cadre je pensais qu il y avait un seul article , c est toi qui fait un cadre commun ?

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    1. Non ! C'est pas moi, m'sieur ! J'ai rien fait ! :D
      Avec ce thème, les articles publiés le même jour apparaissent dans le même cadre (comme par exemple Moustaki/Merkouri). Ça peut être pratique en cas d"articles connexes.
      Par contre si tu passes par les rubriques, je crois qu'ils sont dissociés.

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  4. Je ne connaissais pas ce groupe, mais honnêtement ce n'est pas vraiment le genre de musique que j'écoute, un morceau comme ça, ça passe mais c'est tout !
    Bonne fin de journée, bisous

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    1. Bonsoir Melo
      Ce n'est pas non plus mon style favori mais OMD est une référence dans le genre.
      Par contre je suis sûre et certaine que tu connais leur titre Enola Gay (article précédent).
      Bisous

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  5. Hello mon amie ,
    Excellent article sur ce groupe mythique !
    J'avoue avoir adoré l'anecdote avec la jeune fille de 17 ans !
    Trop bon !
    J'avoue également que je ne connais pas tout d'OMD , loin de là !
    En tout cas , ce sont des pointures et j'ai passé un très bon moment à la lecture de ton article en ayant leur musique sur les oreilles !
    Encore merci à toi ,
    BIzzzzzzzzz ,
    RICOU

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  6. Hello Ricou !
    Alors là tu me scotches ! Un fou d'électro qui ne connait pas OMD ?
    Tu connais ma difficulté à appréhender l'électro pour les raisons déjà exposées sur ton blog. Tu ne seras donc pas étonné si je te dis avoir plus accroché à leur période électro-pop.

    Derrière son côté amusant, cette anecdote révèle quelque chose d'un peu inquiétant : désormais cette génération consomme du son mais n'écoute pas de la musique. Certes, je généralise mais c'est une tendance forte.
    Bizzz à toi aussi mon Ricou

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    1. Coucou mon amie !
      Normal que je te scotche , on m'a toujours dit que j'étais pot de colle !!! ;_))
      Gros bisous et à très vite !
      RICOU

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