11 mars, 2020

Boris Vian - Le Centenaire

Hier 10 mars on célébrait le centenaire d'un des enfants terribles de la littérature française : Boris Vian.

De la littérature française, mais pas seulement.
En effet, si Boris Vian fut un des auteurs préféré de la jeunesse de la deuxième moitié du XXème siècle, une partie de celle-ci ignorait qu'il fut aussi un musicien, auteur-compositeur de talent mais tout aussi perché que dans sa littérature.

Cette facette artistique ne fut longtemps connue que d'une jeunesse branchée tendance "rive-gauche" et, comme souvent avec les génies, tel Boby Lapointe avec qui il a bien des points  communs, il aura fallu attendre sa mort pour reconnaître enfin l'étendue de son talent.

Boris Vian en répétition au théâtre Verlaine en 1948
 

Boris Vian, ou le jazz littéraire

Boris Vian est né en 1920 à Ville d'Avray dans une famille de la haute bourgeoisie, fortunée au point que son père ne commencera à travailler qu'après le krach boursier de 1929.
Il obtiendra sont diplôme d'ingénieur en 1942 après avoir été reçu à l’École Centrale en 1939. Ingénieux et inventif, il inventera des machines farfelues qui, à ce jour, n'ont pas trouvé d'application pratique.

Boris Vian 1948-Studio Harcourt
Il traversera la guerre sans encombre entre ses études et le jazz.
Ayant appris à jouer de la trompette, il rejoint le Hot Club de France (association de promotion du jazz en France) présidé par Louis Armstrong, anime des surprises parties, puis rejoint la formation de Claude Abadie en 1942.

1944 sera une année dramatique avec l'assassinat de son père et la fin de la vie confortable des Vian dont la fortune prend... l'eau (pas pu m'en empêcher !).

Boris Vian a eu la chance d'évoluer dans une famille intellectuelle où on aime jouer avec les mots. Et il ne s'en privera pas.

Soutenu et aidé par sa compagne, Michelle, il se lance dans une carrière littéraire.
Son avatar littéraire, Vernon Sullivan, lui vaudra succès et fortune mais également scandales et procès retentissants. En effet, celui qui aurait pu n'être considéré  que comme un "fils de bourges" utilise les mots comme autant de boulets de canons contre les murs de la bien-pensance d'après guerre, en signant J'irai cracher sur vos tombes.
Des générations d'ados ont rêvé sur L'Écume des jours et L'Arrache-Cœur.

Boris Vian, chanteur sur le tard

Son succès littéraire s'émousse, Michelle l'a quitté... Pour ce pessimiste de nature, il faut trouver une autre voie et c'est naturellement que ce musicien emprunte celle de la chanson.

Jacques Canetti, producteur artistique, qu'il a rencontré en 1953 l'encouragera, ainsi que quelques artistes, peu nombreux mais séduit par le monde un peu absurde de Vian. En 1954, Canetti fera appel à Boris Vian pour écrire les paroles des chansons d'une pièce burlesque, "La Bande à Bonnot", qu'interprèteront Yves Robert ou encore Judith Magre.

Comme Boby Lapointe, Boris Vian a du mal à trouver des interprètes qui acceptent de chanter ses textes. Henri Salvador et Mouloudji que chantera Le Déserteur pour la première furent des exceptions.
Alors Boris Vian chantera lui-même et portera son répertoire sur les scènes de France.

Ce ne sera pas toujours une sinécure, Le Déserteur (contre la guerre d'Indochine) soulevant l'indignation des réacs.

Boris Vian a 39 ans quand il décède le 23 juin 1959, laissant un héritage culturel immense, y compris dans le domaine pictural.

Si de son vivant les chansons de Boris Vian ne connurent qu'un succès confidentiel, beaucoup sont désormais passées à la postérité par la voix d'autres artistes tels Coluche, Serge Reggiani mais aussi Henri Salvador (ici dans Le Blues du dentiste) qui écrivit avec Boris Vian le célèbre Faut rigoler.
Pour notre plus grande jubilation !

 

• Tout sur Boris Vian : Wikipédia
• Centenaire : le site

 

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