C'est pas faux !

C1 C2
" Le plus bel instrument, le plus vieux, le plus vrai, la seule origine à laquelle notre musique doit son existence, c'est la voix humaine."

Richard Wagner

Ici la Voix !


Il n'a pas tort Richard !

La voix, instrument de musique précieux, car si on le casse c'en est fini et le "musicien vocal" meurt un peu même s'il respire.

Alors puisque de voix il est question, voici un des phénomènes de la K-pop, Kang Hyung Ho.

Pour un peu, je virerais fan sasaeng ! 
Ben quoi ? C'est quand même pas de ma faute s'il cumule les talents !

►"The Phantom of the Opera" - Kang Hyung Ho

18 septembre, 2025

"Paint it, black" des Rolling Stones : une virgule, une polémique et une guerre

Étrange destinée que celle de certaines pièces musicales, tous styles confondus, qui longtemps après leur création marquent à jamais les esprits en les renvoyant à des évènements et des souvenirs d'un passé non vécu...
Aux images d'origine se superposent d'autres images qui marquent durablement la mémoire collective, essentiellement grâce au cinéma et à la télévision.

Évolutions technologique et médiatique ont à la fois alimenté et mis en évidence une interconnexion entre la guerre et la musique depuis la deuxième Guerre Mondiale.

Tel sera le sort de l'immarcescible tube des Rolling Stones, Paint it, black, qui deviendra iconique.

Paint it Black, le succès d'une grosse déprime 

Depuis leur formation en 1962, Les Rolling Stones semblaient avoir un peu de mal à trouver une véritable identité musicale propre et leur répertoire est essentiellement fait de reprises.
Dans la foulée de leur tournée américaine en 1964, ils enchaîneront des sessions d'enregistrements dans les studios des labels RCA (Los Angeles) et Chess (Chicago). 
En 1965 sort le premier grand tube qui les impose aux States, (I can't get now) Satisfaction.

Ça roule pour les Stones 

Puis ce sera Paint it, Black qui sort d'abord en single le 7 mai 1966 aux USA puis une semaine plus tard en Grande Bretagne, sous le label Decca.
Il apparaîtra sur l'album "Aftermath" qui sort le 20 juin.

Riff indie pour gros cafard

Le succès de (I can't get now) Satisfaction a tout lieu de leur donner... satisfaction ! 
Cette percée fulgurante sur le marché US assoit leur notoriété, d'une part, mais leur permet également de connaître un nouveau confort matériel grâce à un homme d'affaires américain, Allen Klein, qui leur décroche une avance de 1,2 M de dollars sur les futurs royalties auprès du label Decca Records.
Rien de tel pour libérer l'esprit des basses considérations matérielles et se consacrer à la création !

Pour la paternité du morceau, comme souvent avec les Stones, il faut faire un test ADN car une fois de plus, les membres se chamaillent (ben hé ! il y a des droits d'auteur à la clef !).
Prenant exemple sur le binôme McCartney-Lennon, Mick Jaegger et Keith Richard ont pris en main l'écriture des textes, écartant Brian Jones avec qui l'ambiance s'est gâtée depuis 1963. Un texte sombre qui n'incite pas vraiment à la franche rigolade.

Une chose est en tout cas acquise : multi-instrumentiste talentueux, Brian Jones est encore à la manœuvre pour la composition.
C'est lui qui signe le riff au sitar indien, devenu culte, et qui se répète jusqu'aux notes de guitares finales.

 A la virgule près...

Lors de sa sortie US, le titre va faire polémique auprès de la communauté afro-américaine : pour une raison que personne (encore moins au sein du groupe) ne peut expliquer, un mec de chez Decca ajoute une virgule.

Pourquoi ? Pour être raccord avec d'autres titres des Stones, comportant des virgules ? On ne le saura jamais vraiment.
Mais ce qui est sûr c'est que cette virgule va mettre en rogne une partie de la communauté afro-américaine et faire naître une polémique.
En effet, si Paint it Black, sans virgule signifie "Peins le en noir", "Paint it, Black" avec la virgule confère un sens raciste, le titre pouvant alors être traduit ainsi "Peins le, Nègre ". Forcément, ça pique un peu.
Pour éteindre la polémique les Stones font disparaître la virgule sur les futures éditions mais elle reste sur les premières covers.
A noter que la virgule apparait ou disparait selon les sites.

Paroles et traduction 

Paint it Black : du studio au "hell Bells"

Bon d'accord ! Le jeu de mot est tiré par les cheveux mais on s'amuse comme on peut !
L'explication arrive.

Le son des pâles au dessus des rizières

On a tous en tête ces succès qui ponctuèrent WW2, succès le plus souvent patriotiques diffusés dans les deux camps, à la TSF, par haut-parleurs dans les campements et même dans les camps de concentration comme instrument de torture des déportés.

De tous les conflits modernes, il en est un qui va durablement associer musique et guerre jusqu'à créer une mythologie protéiforme où se mêle héroïsme, patriotisme, crimes de guerre et contestation socio-civique.

C'est la guerre du Vietnam (1955/1975) et l'arrivée massive des GI à partir de 1963.

Plus que les deux guerres mondiales, ce conflit reste un des grands traumatismes américains.
D'abord parce que malgré une énorme supériorité en armes, c'est une défaite, puis par le nombre de victimes, 58 280 morts, 1 600 disparus et 153 370 blessés.
C'est également une guerre impopulaire auprès de la jeunesse américaine, soutenue par des artistes tels que Joan Baez, Jane Fonda ou encore les MC5. 

La pop music omniprésente

Que ce soit dans les sittings des campus US, de Washington DC ou sur le front, la pop music est omniprésente.
Pour soutenir le moral des GI, des radios installées sur le front diffusent les succès joués au pays.
Le rôle de la musique occidentale est aussi psychologique, diffusée par haut-parleurs à partir des campements, assez fort pour être entendus au delà de la lisière de la jungle ou des hélicos (les désormais fameux Bells UH1 Iroquois ou Huey, d'où mon jeu de mot à la con) pour atteindre le moral des troupes vietcongs (communistes).
Équipé d'une M60 en sabord (mitrailleuse lourde) ou d'une croix rouge (Medivac), je ne crois pas m'avancer en affirmant que la musique a fait beaucoup pour la "popularité" de cet hélico, toujours en service.

Catharsis et pop culture

Parler de traumatisme n'est pas exagéré et à part le 11 septembre 2001, la guerre du Vietnam n'a pas d'équivalent en terme d'impact.

La fin des 70s et les années 80 voient fleurir toute une filmographie autour du conflit.
Le cinéma et la télévision s'emparent du sujet avec des productions le plus souvent de qualité.

Aux images choc et dures s'adossent des bandes son qui vont marquer l'imaginaire. 

Comme par exemple La Chevauchée des Walkyries de Wagner ("Apocalypse Now" de Francis Ford Coppola,1979) ou Adagio for Strings de Samuel Barber ("Platoon" d'Oliver Stone, 1986) ou encore le fameux Wolly Bully des Sam The Sham & The Pharaohs ("Full Metal Jacket" de Stanley Kübrick, 1987). 

Le troisième "tour de service" de Paint it Black 

Paint it Black va rejoindre les innombrables playlists illustrant la guerre du Vietnam se plaçant dans le peloton de tête des titres les plus emblématiques du conflit.
Déjà utilisé plusieurs fois au cinéma, comme générique de fin de "Full Metal Jacket" par exemple,  le titre des Stones va connaître une nouvelle jeunesse internationale grâce à une série.

"L'Enfer du Devoir" peint en noir

A ne pas confondre avec le film homonyme sorti en 2000, "L'Enfer du Devoir" est le titre français de "Tour of Duty", une série de 58 épisodes d'environ 50 mn,  sortie entre septembre 1987 et avril 1990 aux USA.
Cette série connaîtra un succès à la fois critique et grand public. 

On suit l'évolution de jeunes GI au sein d'une section (platoon) au fil de leur "tours of duty" (tours de service d'environ 1 an pour les simples soldats). Tout comme le film d'Oliver Stone, "Platoon", ces soldats sont issus de tous les états et de toutes les conditions sociales de l'Amérique.

Le succès de la série est dû au fait que ses créateurs, L. Travis Clark (qui fera 2 "tours" de service) et Steve Duncan sont des anciens combattants du Vietnam de même qu'Oliver Stone (qui collaborera sur certains épisodes en tant que consultant), . C'est dire s'ils connaissent le sujet... et la musique.

En effet, les trois hommes interviendront sur les choix musicaux, avec une sélection de titres qu'ils ont eux-mêmes entendus sur le front.

"L'Enfer du Devoir" recevra un Emmy Award en 1988 pour la bande son, jugée exceptionnelle pour une série dramatique, et sera de nouveau nominée en 1989 et 1990. Plusieurs albums et double albums seront édités.

Diffusée en France à partir d'octobre 88 sur la Cinq, sur RTL TV puis, plus brièvement sur TF1 où elle sera arrêtée faute d'audience, la série a ses fidèles (moi ! moi ! moi !) qui pendant près de 60 épisodes verront le vol des Bells sur un monde "peint en noir".

Paint in Black figure également dans la bande son de jeux vidéos consacrés au conflit.
Il fera l'objet de nombreuses reprises (136 SRC) y compris par ses propres compositeurs, avec mention spéciale (¿) à Marie Laforêt avec l'insupportable Marie douceur Marie Colère.

Paint it Black est également un marqueur musical pour les métalleux et autres amateurs de musique extrême qu'il a inspirés, et qui lui rendent hommage via des reprises échevelées.

 

6 commentaires:

  1. merci de toute l'histoire de ce titre
    que j'aime bien

    sans etre fan absolu j'aime les Rolling Stones
    et comme certains artistes
    je n'ai qu'une compile pour avoir un melange de tubes

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    1. Hello
      Aux Stones j'ai toujours préféré les Who puis un poil plus tard Deep Purple.
      Si "Angie" m'a fait vibrer pour des raisons pas forcément musicales, j'ai lâché l'affaire car devenus trop pop à mon goût.
      La série fut pour beaucoup dans mon "rabibochage" avec eux.

      Je suis un peu comme toi car, avant même l'invention du P2P et du streaming, je trouvais "abusé" d'acquérir un album pour un seul titre.
      Bisous

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  2. Merci Pixelie pour ces précisions autour de " Paint it Black" des Rolling Stones, formation rock and blues de légende que j'adore et que j'ai eu la chance de voir sur scène le 18 juin 2007 au stade Gerland à Lyon .J'aime aussi comme toi the Who et j'adore Led Zeppelin ...je ferai peut être un article sur eux sur mon blog si tu me valides l'idée ...

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    1. C'est assez récent !
      Tu as fait un live report sur ton blog ?
      Led Zep... pfiouuu ! Mes presque premières amours

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    2. le concert de 2007 des Stones oui, j'en vais parlé ICI : http://magicienox.blogspot.com/2007/06/mythe-jagger-and-co-in-lyon-city.html

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    3. Aaaah ! J'adore les live reports !
      J'irai voir ça en rentrant !

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