"España cañí" - Solistes de l'orchestre national de Taïwan

Préparer les playlists me réserve toujours des surprises, bonnes et moins bonnes, que j'aime partager avec vous.
Cette fois, j'ai du mal à trouver les bons qualificatifs... 

Exotique ? Certainement ! Inattendu ? Complètement !

Voici une illustration parfaite de l'internationalisation de la Culture et de ce que les Hommes sont capables de partager.
Accrochez la queue du biquet car on part dans le Michigan écouter de la musique espagnole interprétée par des Taïwanais.
Je parie qu'après ça vous n'écouterez plus le paso doble de la même façon !

España cañí, chapeau l'artiste !

Si je vous dis " Pascual Marquina Narro", tout de suite vous me répondez... "Qui ça ???!" à moins d'être un.e mélomane.
C'est le côté aléatoire et parfois injuste de la notoriété qui fait oublier le nom de compositeurs d'œuvres célèbres voire incontournables.

Né le 16 mai 1873 dans la province de Saragosse, Pascual Marquina Narro commence son éducation musicale avec son père, Santiago Marquina Redrado, lui-même chef d'orchestre.
Il compose sa première œuvre (pour ténor) à 15 ans et devient chef d'orchestre à 17 ans.
Toute sa vie sera consacrée à la musique, même lorsqu'il est incorporé à l'armée où il jouera dans l'orchestre de son régiment.

A partir de 1914, il devient directeur du Théâtre de la Zarzuela à Madrid, poste qu'il occupera pendant 18 ans 
Il a été directeur artistique de la maison de disques La Voz de su Amo, branche espagnole de "La Voix de son maître" du groupe britannique EMI.

Entre autres décorations, il recevra la prestigieuse Victoria Cross suite à sa composition d'un cross over entre l'hymne espagnol, la Marcha Real (Marcbe Royale) et le God Save the King pour le mariage de Victoria Eugenie de Battenberg (petite fille de la reine Victoria et filleule de l'impératrice Eugénie) à Alphonse XIII d'Espagne.

Quand il meurt à Madrid le 13 juillet 1948, il laisse à la postérité un morceau qui fera le bonheur des formations classiques et des... bals musette.

Quelques notes pour un ami

Quand il n'était pas à Madrid, Pascual Marquina Narro retrouvait sa maison d'Almensa (province de l'Albacete) ainsi que son voisin et ami, un modiste-chapelier d'origine gitane, José López de la Osa. 
Ce serait inspiré par le bruit du train qu'en 1923 il composa El patronista Cañí (Le Modiste Gitan) qui deviendra le fameux España cañí, enregistré pour la première fois en 1926.
Cette chanson d'amitié est devenue le symbole musical de L'Espagne Gitane, son titre actuel.

Instruments traditionnels chinois pour un paso doble

Remontons un peu le temps de deux ans, direction les États Unis...
En 2023 la prestigieuse et très éclectique École de Musique, Théâtre et Danse de l'Université accueille le Festival de la Musique Asiatique.
En association avec l'Organisation Américano-Taïwanaise du Michigan, l'université reçoit des jeunes solistes de l'Orchestre National de Taïwan qui, dans le cadre de la journée consacrée aux "Splendid Sounds of Taïwan", le 4 octobre, interpréteront des airs traditionnels taïwanais mais également des œuvres internationales.

Autant vous le dire tout de suite, passé le moment de surprise, je suis restée bouche bée !

Même si ça sonne "autrement", c'est exécuté avec mæstria !
Je vais essayer de ne pas me tromper en vous présentant les musiciens, de droite à gauche.

•  Yi-Fang Wu : erhu, instrument à 2 cordes et à la caisse en forme de tonnelet
•  Ya-Ting Hsu : gehu, instrument à cordes récent qui peut être associé à notre violoncelle ou, comme ici avec la technique du "tapping", à la contrebasse qui marque le tempo
• Ming-Hui Lin : yangqin, instrument de la famille du cithare qui rappelle notre xylophone, à la différence que c'est un instrument à cordes frappées.
  
• Chen-Ling Liu : dizi, équivalent de la flûte traversière. Cette fois, elle est aux castagnettes
• Chi-Mi Chen : sheng, sorte d'orgue à bouche millénaire chinois

Je ne le demande pas d'ordinaire mais merci chers Melomaniacs de les voir sur YT et de laisser un petit pouce en haut, parce qu'ils le valent bien !