26 avril, 2023

Harry Belafonte - artiste et engagé

Harry Belafonte - Best ofIl y a des artistes solaires qui brillent malgré le temps qui passe.

Si pour les plus jeunes, en France, le nom de Harry Belafonte n'évoque pas grand' chose, une musique de pub, un refrain restent pourtant familiers de génération en génération.

Pour les moins jeunes, Harry Belafonte est presque une légende.

Combien de fées se sont penchées sur le berceau de cet artiste complet qui cumule belle gueule, sourire renversant, voix de velours, intelligence et humanisme ?
Pour les jeunes afro-américains, il incarne un combat de toujours, héraut de l'antiracisme aux convictions bien affirmées et ouvertement assumées même à 93 ans, âge du chanteur quand cet article fut écrit.

Retour sur le parcours d'un artiste humaniste.

 

Harry Belafonte, une success story

Si j'évoquais quelque bonne fée penchée sur son berceau, c'était oublier que dès sa naissance, son destin aurait pu être écrit.

Une jeunesse prédisposée

Harold George Belafonti Jr est né le 1er mars 1927 à Harlem d'un père d'origine afro-jamaïcaine écossaise et d'une mère afro-jamaïcaine néerlandaise, métissage qui fera de lui une des belles gueules de la culture afro-américaine.
De 1935 à 1940 il suit sa mère quand elle repart vivre à la Jamaïque. Il baigne dans le melting pot culturel antillais.
Ces influences artistiques le marqueront et imprègneront fortement son répertoire, faisant de lui un des rois du calypso et du meringué made in USA.
Il revient à New-York pour suivre ses études secondaires puis s'engage en 1944 dans l'US Navy.

Après la guerre, il revient à New-York où il vit de petits boulots puis vers la fin des années 40 il suit des cours d'art dramatique à The Dramatic Workshop of the School of Social Research dirigée par Erwin Piscator, dramaturge allemand qui a fui l'Allemagne nazie. Il y rencontre notamment Tony Curtis, Marlon Brando, Rod Steiger ou encore Sidney Poitier.
Mais les études coûtent cher et pour les payer, il pousse la chansonnette dans les clubs new-yorkais.

Quand Harry rencontre Broadway

Harry Belafonte - Best ofIl signe son premier contrat comme chanteur intermittent au Royal Roost de Broadway. Ses talents de chanteur, sa belle gueule et son sourire ravageur lui attirent la sympathie du public.
La carrière du jeune Harry décolle après sa prestation dans la comédie musicale John Murray Anderson's almanac, pour laquelle il recevra un Tony Award et un Theater World Award.

1950 marque définitivement son tournant vers la chanson, au point qu'il épluche les archives du Congrès américain pour découvrir les airs populaires américains.

C'est aussi à cette période qu'il signe avec la RCA Victor un long et fructueux contrat.

Quand le public rencontre Belafonte

En 1952 sort le single Matilda, mais c'est en 1956 qu'Harry Belafonte le chanteur s'impose avec son troisième album "Calypso" qui atteint le million d'albums vendus.
Cet album l'impose comme "Roi du Calypso" et s'avère précurseur en lançant la mode de ce mélange de la musique antillaise avec la musique afro-américaine. LE titre phare de "Calypso", Banana Boat song, fera le tour du monde avec sa fameuse intro Day O !

Depuis 1985 il enregistrera de multiples versions de sa chanson Try to remember, immortalisée une campagne de pub pour le café Carte Noire™.

Harry Belafonte c'est aussi un acteur qui tournera entre autres avec Otto Preminger et qui décrochera des premiers rôles comme dans "Island in the sun" en 1957. Il tournera une dizaine de films.

Ce que l'on sait moins c'est qu'Harry Belafonte sera le premier producteur TV afro-américain et que sous cette casquette il permettra au public de découvrir de jeunes talents tels que l'immense Miriam Makeba ou encore une jeune chanteuse grecque, Nana Mouskouri !

 

Harry Belafonte - Best of

 

Harry Belafonte, homme engagé

Pour le public européen, Harry Belafonte c'est ce chanteur de charme un peu exotique, séduisant, mais aux États Unis il est bien plus encore : c'est un symbole, un exemple.

Harry et Martin en marches

Harry Belafonte est aussi un homme d'engagements qui entretiendra une profonde amitié avec Martin Luther King jusqu'à l'assassinat de ce dernier.

En 1960 John F. Kennedy le nomme consultant culturel au sein de l'agence indépendante "Corps pour la paix".
En 1963, Harry Belafonte organise un concert dans le cadre de la marche de Washington, puis il lance une collecte de fonds pour faire libérer de jeunes militants des droits civiques.

La marche de Selma

En mars 1965, il participe à la fameuse marche de Selma (Alabama), jusqu'au Capitole de Montgomery, aux côtés de Martin Luther King.
Joan Baez, James Baldwin, Mahalia Jackson, Sammy Davis Jr, Nina Simone, Pete Seeger, Tony Bennett sont parmi les marcheurs.
Le 24 mars, la veille de l'arrivée des 25 000 marcheurs à Montgomery, Harry Belafonte organise "à l'arrache" le Stars for Freedom Rally. Sous la pluie et dans la boue les artistes se succèdent devant un public plein de ferveur. Cet évènement marquant influencera probablement la décision du Congrès qui ne souhaite pas se mettre à dos des artistes influents.

Militant jusqu'au bout

Il se battra sans relâche pour les droits civiques, s'engagera au niveau humanitaire (il contribuera largement au lancement de la campagne We are the world) et son combat continue aujourd'hui.
Il "saluera" l'élection de Donald Trump d'un cruel "Bienvenue dans le 4ème reich" lors d'un entretien avec Noam Chomsky !

Harry Belafonte est décédé le 25 avril 2023 d'une insuffisance cardiaque, dans son appartement de l'Upper West Side à New-York. Ce militant courageux avait 96 ans.

Vous prendrez bien un petit café ? :)

 

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