18 septembre, 2022

Christophe Willem - Panorama (album)

En mai dernier je vous présentais le single P.S. Je t'aime, extrait de l'album alors en cours d'écriture, de Christophe Willem.

Comme je le disais dans ce billet, je ne suis pas une adepte des néos radio-crochets et en règle générale je boude sans états d'âme leurs vainqueurs, jusqu'à ce que le hasard mette un titre dans mon conduit auditif.

Ce fut le cas de P.S. Je t'aime qui cette fois ma vraiment accrochée.

C'est donc avec curiosité que j'ai écouté son nouvel album, "Panorama", sorti avant-hier.


 Christophe Willem, un chanteur apaisé ?

Qu'on l'aime ou pas, il faut bien reconnaître que ce chanteur est un peu un ovni dans le paysage du showbiz où même les rebelles se plient, certes de plus ou moins bonne grâce, à des règles non écrites mais tacites.

Or l'homme Christophe Willem est complètement atypique : un physique qui n'accroche pas la lumière et qui lui pose problème (la chirurgie esthétique, il l'a revendique), une attitude de repli qui lui vaudra le surnom de "La Tortue" et cette voix, étonnante, entre fin d'adolescence et féminité.

Déjà habitué aux moqueries et pire encore, certains critiques ne l'épargneront pas. Mais le public l'aime et le 1,5 d'albums vendus en témoigne.
Mais si au fil d'anciennes interviews ou déclarations passés on sent les blessures affleurantes, on pressent aussi tout ce que le bonhomme a d'entier et de sincère.

Il en résulte un malaise de plus en plus profond et un rejet de certaines pratiques de la profession. Christophe Willem remet tout cela en cause, mais il se remet lui aussi en cause, au point de penser plus que sérieusement à lâcher ce métier.

Jusqu'à sa rencontre avec le chanteur Slimane.

Et si je laissais Christophe Willem vous parlez lui-même de Panorama ? Et de lui à travers cet entretien plein de sincérité, une occasion de le découvrir tel qu'il est.

 

Vue panoramique sur l'album


Ce sixième album constitue une exception dans la carrière (15 ans déjà !) de Christophe Willem puisque c'est le seul album sur lequel il n'a écrit aucun titre.

Confier ainsi l'écriture à différents artistes, aux influences différentes, aurait pu être éminemment casse-gueule !
Mais à l'écoute, on comprend mieux pourquoi le chanteur évoque si souvent la "famille" en parlant de ceux avec qui il a collaboré.

Je craignais un album bancal, aux compositions trop inégales pour accrocher vraiment et bien pas du tout !

Le résultat est un album varié, certes, mais jamais incohérent. Les changements de rythmes et de styles font que pendant que se déroulent les 16 titres (dont 2 reprises de P.S. Je t'aime), les 52 minutes passent toutes seules sans trace d'ennui.


Même crainte pour les textes et même constat : bien que les écritures soient différentes, il n'y a pas de rupture à l'écoute de l'album.
Les textes sont ciselés, intelligents (ça fait un bien fou !) et sans jamais être agressifs, derrière leur élégance, ils font enfin sortir "La Tortue" de la carapace où "elle" s'enfermait par peur des mots, pour révéler Christophe.

Alors que sur les albums précédents le chanteur compensait son autocensure (par pudeur maladive ?) par des mélodies parfois agressives (L'Homme en Noir - Caféine en 2009 ou encore Marlon Brando - Rio 2017, en écoute sur la M4A Hebdo #1) ou des textes sibyllins (Nos balles perdues - Rio 2017), Panorama est un album de rupture.

Flirtant avec la pop et la balade parfois teintées de bossa nova, les mélodies soulignent en douceur la profession de foi d'un homme apaisé qui, enfin !, assume tout et le revendique.
Du coup, le chant rompt lui aussi avec ses variations superfétatoires, certes impressionnantes, mais parfois exaspérantes et parfaitement dispensables.

Présenté comme un album intimiste, je dirais qu'au contraire Panorama est un album extime, sincère, l'album de la maturité à la fois personnelle, artistique et professionnelle d'un artiste à la voix magique qui cherchait sa voie. Reste à espérer pour Christophe Willem qu'il ne s'en détourne pas et qu'il garde cette liberté artistique toute neuve.

Il n'y a rien à jeter dans cet album qui outre les qualités ci-dessus bénéficie d'une production homogène et au cordeau.
Si je devais mettre un bémol, c'est peut-être sur la répétition du titre P.S Je t'aime, même si la version acoustique sonne comme un message personnel mais je mets ça sur la joie de Christophe Willem de répéter cette déclaration d'amour à son public. ☺

Ma note : 18/20

 

 

                    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire