Crosby, Stills, Nash & Young + Pink Floyd : deux visions de l'enfance (spécial journée internationale de l'Enfance)

 Les enfants. 

Êtres choyés qui représentent l'avenir de l'Humanité. Symboles d'innocence, de fragilité, l'Enfance a été une des priorités de l'après-guerre, notamment dans les démocraties où de nouvelles politiques ont été mises en place pour les protéger, leur donner accès à une vie décente.

Pas comme dans ces pays "en voie de développement" permanent où les fillettes sont excisées au nom de la tradition, kidnappées et violées au nom d'on ne sait quoi et où les garçons deviennent des enfants-soldats condamnés à perpétuer une violence barbare.
Pas d'ça chez nous !

Ce 20 novembre, Journée Internationale des Droits de l'Enfant ou Journée mondiale de l'Enfance n'est-elle pas une bonne occasion de nous rappeler les progrès considérables de ces dernières années ?

Le XXI^ème siècle meurtrier pour les enfants

L'esclavage des enfants ?
Il existe toujours et il n'y a aucune raison que cela cesse quand les pays riches achètent ce qu'ils fabriquent.

Les enfants-soldats ?
Ceux du XX^ème siècle ont grandi qui, à leur tour, continuent ce à quoi ils ont été formés, tuer, et enrôlent et forment à leur tour de nouveaux enfants-soldats qui, à leur tour... Cette année, 16 000 enfants ont été enrôlés de forces par les deux parties belligérantes depuis janvier au sud Soudan où la paix signée par Trump en août reste lettre morte.

Nic Bothma pour BelgaIimage - source RTBF

Mais il y a un progrès... En Russie depuis 2022/23 on forme les enfants au maniement des armes  Les jeunes États-Uniens manient Glock et AR15 aussi facilement que leur smartphone tandis que 10 M d'entre eux sont privés d'aide alimentaire, shutdown ou pas, "grâce" au "grand et beau projet" de Trump, notamment dans les écoles publiques.
Pire encore, dans ce qui fut "la plus grande démocratie du monde", à Chicago durant la nuit, l'ICE, le FBI et des groupes paramilitaires ont assiégé un immeuble entier, défoncé les portes et traîné les habitants dans les couloirs. Parmi eux, des enfants, à moitié nus jetés au sol et tirés par terre dans les couloirs, rudoyés, certains recevant des coups de pieds alors qu'ils n'ont qu'une douzaine d'années, puis ligotés avec des colliers de serrage.
J'ai vu ces images provenant de la caméra embarquée d'un des agents : elles sont insoutenables.

Et il y a les enfants de Gaza.

Environ 20 000 enfants tués sur 30 000 Palestiniens et on ne sait pas combien sont encore enfouis sous les décombres, 40 500 blessés, 17 500 séparés de leurs parents. En deux ans, plus d'enfants sont morts dans la bande de Gaza qu'en quatre ans de conflits dans le monde.
A noter que le Guardian a publié la liste de 18 457 victimes identifiées, avec des photos et des tranches de leur brèves existences (compte "arrêté" en juillet).

Et il y a les enfants ukrainiens, tués, mutilés, traumatisés, déportés qui ont inspiré à Melania Trump la lettre remise à Poutine, mièvrement touchante à la ChatGPT.
Et ceux du Soudan, ceux noyés en Méditerranée ou dans la Manche et tant d'autres.

France : l'enfance du quart monde

Ce qui est réconfortant en cette Journée de l'Enfance, c'est de se dire qu'en France les enfants et la jeunesse sont protégés grâce à un système social qui tenait encore à peu près jusqu'en 2019.

Tandis que depuis 2018 la France descend régulièrement dans le classement des puissances, passée de la 5^ème à la 7^ème place, et qu'elle grimpe dans celui des pays les plus endettés, le "ruissellement" promis par Macron signifie "l'évaporation" des aides pour les plus précaires.

Depuis l'arrivée du locataire de l'Élysée, le nombre de pauvres a augmenté de 1,2 million et parmi eux, les enfants.

Depuis 2020 l'Unicef alerte les pouvoirs publics sur l'augmentation constante des enfants à la rue. 

Malgré une tribune signée 2022 par des députés de tous bords, y compris de l'ex majorité, pour sommer le gouvernement d'augmenter les places d'hébergement en urgence et la promesse présidentielle de "zéro enfant dans la rue", le bilan ne cesse plus de s'aggraver.
Dans l'indifférence.

En août 2020, 2 043 enfants étaient SDF, en octobre 2023, 2 822  dont au moins 300 âges de moins de 3 ans, un chiffre qui a augmenté de 42 % depuis le mois d'août de la même année et de 41 % par rapport à 2022.
En 2024 sur les 855 morts dans la rue, 30 étaient des enfants !
Cette année à la veille de la rentrée scolaire, 2 159 enfants étaient sans hébergement.

Un chiffre en baisse ? Non mais ces chiffres ne tiennent compte que des appels traités au 115, effectivement en baisse faute de solution ou tout simplement d'avoir un interlocuteur. Les familles renoncent.
A l'heure actuelle, l'Unicef et les associations estiment que la barre des 3 000 enfants à la rue est dépassée dont 500 de moins de 3 ans dont certains sont nés dans la rue.

Source Enfance et Jeunesse info

Depuis 7 ans, l'Unicef dénonce une situation contraire à la charte des Droits de l'Enfant, du jamais vu. Et depuis 7 ans la situation s'aggrave, sur tous les fronts et tous les territoires.et les PLS et PLFSS actuellement en discussion au Parlement font craindre une très nette aggravation de la situation.
Environ 100 000 enfants non ou mal scolarisés dont 5 à 9 000 sur le département de Mayotte, 
Et dire que nos dirigeants veulent taper au porte-monnaie les familles pour absentéisme à l'école !¿
Par rapport à 2024 la situation s'est également aggravée pour les enfants handicapés sans accompagnement, franchissant la barre des 50 000 cette année.

D'aucuns argueront que la France n'a plus les moyens, un argument fallacieux face à la réalité des chiffres.
Si le chiffre de 211 Mds est le chiffre officiel du montant d'argent public versé aux entreprises au titre du CICE et aide aux emplois les plus faibles, ces sont en réalité 270 milliards par an d'aides diverses et exonérations fiscales aux plus fortunés, soit 3 fois le budget de l'Éducation Nationale. Le tout en toute opacité et sans contrôle. Et pas une ligne dans le PLF...

Et tandis qu'on médite sur ces chiffres, on oublie la pédo-criminalité, les enfants laissés dans des foyers maltraitants faute d'accueil, etc.

Dans ce contexte pessimiste, deux chansons me sont revenues à l'esprit.

Crosby, Stills, Nash and Young ou l"importance des parents

Nous sommes en 1970 et ceux de ma génération n'ont pas oublié les grands bouleversements sociétaux de ces années tandis que le mouvement hippy s'essoufflait mais que le wokisme, le vrai, réveillait (to wake en anglais, woke au prétérit) les conscience outre Atlantique et sur le vieux continent.
Le livre "Libres enfants de Summerhill" cartonnait, ouvrant la voie à une nouvelle forme d'enseignement d'où étaient exclus les châtiments corporels et où la réflexion personnelle de l'enfant était encouragée.

C'était aussi l'époque où les Afro-américains se levaient pour jouir des mêmes droits civiques que les blancs, entre autres la fin de la ségrégation dans les écoles et les universités. 

En 1968 Graham Nash écrit la chanson Teach your children qui peut se traduire par "enseignez" ou "éduquez" vos enfants.
Pour le chanteur Américano-britannique, le rôle des parents est essentiel et déterminant dans la compréhension et la façon dont le futur adulte prétendra le monde dans lequel il vivra.

Sortie en single de l'album "Déjà vu" en mai 1970 et se classera 16^ème au Billboard Hot 100. 
En 2018 sort "Over the Years" une rétrospective de la carrière de l'artiste.
A cette occasion, tout en conservant la bande son originale, Nash travaille avec le cinéaste animateur Jeff Scher pour sortir un clip qui retrace l'activisme des jeunes des années 60 à 2018.

J’ai écrit Teach Your Children parce que nous avons beaucoup à leur apprendre. Réciproquement, je crois que nous, parents, avons aussi beaucoup à apprendre d’eux. Je trouve que Jeff Scher a fait un travail formidable en donnant vie à mes paroles et en inscrivant la chanson dans un contexte contemporain. 

 Une occasion pour nous rafraîchir la mémoire...

►Paroles et traduction

Pink Floyd et la machine à broyer

Là où Crosby, Stills, Nash & Young laissent une lueur d'espoir avec ce message aux parents, les Anglais de Pink Floyd, Roger Waters en particulier, offrent une vision dystopique où l'enfant n'est plus une personne ni même une entité mais un élément d'un tout, une brique dans un mur.

Le Royaume Uni a un lourd passif quant à sa "politique" de l'enfance, ou plutôt sa "non politique" qui a permis des abus en tous genres. Qui a oublié les romans de Charles Dickens qui levaient le voile sur la terrible condition des enfants sous l'ère victorienne à l'heure de la révolution industrielle ? Qui n'a pas été terrifié , enfant, en lisant "Un bon petit diable" de la comtesse de Ségur ?

Alors que l' Animal Welfare Act 2006, durci en 2021 protège l'animal contre les maltraitances (jusqu'à 5 ans de prison), paradoxalement il faudra attendre 2022 pour que le Pays de Galles (après l'Écosse) interdise les châtiments corporels (y compris secouer un enfant).
En Angleterre et en Irlande du Nord, taper son chien c'est mal, taper ses mômes représente une "punition raisonnable" la mesurabilité étant évaluée en fonction des... marques laissées.

Pour le progressiste - et éruptif - leader des Pink Floyd, l'enfance revêt presque un caractère sacrée (rappelez-vous Carry the Earth avec le Trio Joubran).

Roger Waters au nom de l'enfance

Je reviendrai plus en détail sur ce titre devenu mythique car avec les Floyd rien n'est jamais simple.

Another brick in the Wall est écrit conjointement par David Gilmour et Roger Waters et sortira en single de l'album concept "The Wall" en 1979.

C'est à la fois une dénonciation du système éducatif britannique tel que l'a subi Roger Waters mais aussi, plus globalement, un vibrant plaidoyer pour le respect et la dignité des enfants britanniques.

Le clip qui fera le tour du monde, Another Brick in the Wall Part II, va marquer les esprits avec son hachoir et ses marteaux défilant au pas cadencé. 
Margaret Thatcher, la première ministre à l'époque, déteste ce clip (quelle femme délicieuse !¿) et son gouvernement appelle au boycott.
Entre "Libres enfants de Summerhill" et Another Brick in the Wall, jusqu'à nos jours, le temps de la réflexion et de l'action semble bien long pour la Grande Bretagne...

Je vous présente le clip extrait de "The Wall" réalisé par Alan Parker en 1982, qui réunit les 3 parties du titre et dans lequel le jeune Pink évolue de la frustration affective à la révolte violente.

Car c'est le dénominateur commun à travers le monde : le capital violence investit dans l'enfance génère de super dividendes de violence encaissables à moyen termes.

Apprenez-le à vos enfants.

Paroles et traduction :

►Part 1
►Part 2
►Part 3