Galop Infernal (cancan) - J. Offenbach

Un tube mondial.
Je présentais Jacques Offenbach comme une pop star avant la date et comme pour toutes les pop stars, Offenbach a laissé des tubes incontournables, comme cet extrait de l'opéra-bouffe Geneviève de Brabant (1867) connu de tous les Américains puis du monde depuis qu'il est devenu l'hymne de l'US Marine.

Un autre morceau a fait le tour du monde, extrait d'"Orphée aux Enfers", c'est le Galop Infernal.
Si le titre original n'a pas forcément marqué les mémoires, il suffit de dire "french cancan" pour faire naître des images d'une vie parisienne d'un autre temps.

Best Offenbach-source Art-Scène.be

Dans les années 1820 les bals ont la cote, que ce soient les bals populaires et dans les salons privés.
Le quadrille est à la mode avec ses pas imposés entre couples et ses galops.

Ce sont les hommes qui les premiers en cassent les codes un peu rigides en se livrant à des danses plus échevelées et plus désordonnées. Ils se défoulent.
Mais ces dames vont montrer que pour ce qui est se défouler et casser les codes, elles peuvent se montrer audacieuses, très audacieuses.

Jouant de leurs jupes et leurs jupons, elles lèvent la patte plus haut que la morale de l'époque ne le permettait, dévoilant leur culotte fendue
Les couples se lancent dans des "battles"  endiablés qu'on appellera chahut ou encore coin-coin.
Vous ne serez sûrement pas étonnés si je vous dit que les autorités interdisent cette danse licencieuse ? 

 

A la moitié du siècle bals et cabarets explosent dans la capitale. la musique devient plus festive (Offenbach commencera sa carrière en écrivant des musiques dansantes). 

Au Bal Mabille une danseuse va faire sensation. C'est Céleste Mogador,
Reprenant les figures aguicheuses du coin-coin, elle les adapte en une danse acrobatique d'une dizaine de minutes, mais cette fois la culotte est fermée. Dans les cabarets, on reprend cette chorégraphie qui affole bientôt le Tout-Paris.

Dans les années 60, un producteur et directeur de théâtre anglais, Charles Morton, décide  d'importer cette danse dans sa ville d'Oxford.
Dans la très pudibonde Angleterre victorienne, c'est un sacré pari !
Il reprend les codes chorégraphiques posés par la Mogador mais les fait exécuter en chorégraphie collective sur des airs d'un compositeur français adulé outre-Manche, un certain Jacques Offenbach.

Pour les Anglais, tout émoustillés, cette danse représente un certain art de vivre "à la française" dont la morale est moins corsetée que dans l'empire victorien. C'est pourquoi le coin-coin parisien sera rebaptisé "French Cancan", appellation qui restera en retraversant la Manche, tandis qu'il sera frappé d'interdiction en Angleterre.

Le Moulin Rouge deviendra le temple du french cancan porté par La Goulue, Nini Patte-en-l'Air et le peintre Toulouse Lautrec. Pour moi, cet extrait du film Moulin Rouge dans sa version de 1957 porte la quintessence du french-cancan (ah ! qu'ils sont libidineux ces vieux bourgeois !)

Le french cancan acquiert ses lettres de noblesse dans les troupes classiques, illustrant les compositions de Jacques Offenbach, comme ici avec le Philharmonique de Monte Carlo et les danseurs de l'Opéra Grand Avignon.