14 décembre, 2020

Niagara - Zéro de chutes

 La fin des années 80 marque un renouveau de la scène pop rock française et la scène rennaise se démarque avec des artistes qui marqueront l'histoire de la scène française.

Ville estudiantine, Rennes est alors considérée comme le creuset de la scène punk-rock avec Marquis de Sade ou Kalashnikov, et pop-rock avec Étienne Daho et Niagara.

En seulement dix ans de carrière, Niagara influencera durablement la scène française par son talent musical d'une part et aussi par son originalité et sa forte identité.

Retour sur le phénomène Niagara.


 

Aux sources de Niagara

Lui est originaire de Nancy mais au fil des déménagements familiaux, il a déjà pas mal roulé sa bosse. Il s'appelle Daniel Chenevez et il est étudiant en sociologie à la fac de Rennes. Il est aussi pianiste, DJ et chanteur.
Elle vient de Chinon, en Indre et Loire. Elle s'appelle encore Muriel Lepage et elle étudie l'histoire de l'Art à la fac de Rennes. Elle compose, chante et elle est également DJ. Cheveux bleus et os dans l'oreille, on peut difficilement la rater!
En février 1982 (81 pour d'autres sources) le hasard les fait se rencontrer dans un bar de Rennes. 

Ils parlent bossa nova, musiques de films et finalement, Daniel Chenevez lui propose de faire de la musique ensemble. La jeune étudiante n'est pas vraiment emballée mais le jeune homme sait se faire convaincant.

Ils forment un premier groupe, Les Espions, qui sortira un 45 T très confidentiel, puis un deuxième groupe, L'Ombre Jaune d'influence techno-pop. Daniel  appelle en renfort son pote José Tamarin à la guitare. Paradoxalement, le groupe est desservi par son originalité, ce qui ne l'empêche pas de tourner sur les scènes bretonnes. Il se concentre sur l'écriture mais voit ses démos systématiquement retoquées.

Naissance du phénomène Niagara

En 1984, changement de nom : en bons cinéphiles, ils se baptisent Niagara, en hommage au film d'Henry Hathaway avec Marilyn Monroe.
Le Ministère de la Culture organise à travers toute la France une opération visant à découvrir de nouveaux talents, "Coup de talent dans l'Hexagone". Sélectionné par un jury rennais, Niagara présente ses maquettes... rejetées ! Ils sont repêchés in extremis, comme quoi une carrière tient parfois à peu de chose.

Le premier tube

CoverIls ont de quoi financer leur premier single, Tchiki boum qui sort en 1985 et les media accrochent tout de suite, rapidement suivis par le public. Bon... le Zénith attendra car Niagara, signé chez Polydor, tourne dans de petits clubs et même des boîtes à striptease mais peu importe, le plaisir de jouer devant le public passe avant tout. Pendant ce  temps, Tchiki Boum entre au fameux Top 50 et la carrière de Niagara est amorcée.
Le duo de tête a un énorme atout : ce sont des bosseurs acharnés.

Niagara : une identité visuelle et sonore

En 1986 Niagara part à Bruxelles, direction le Studio ICP auquel il restera fidèle, pour enregistrer leur deuxième single L'amour à la plage qui sort en mai 1986.
Déçu par le clip de Tchiki Boum, Daniel Chenevez décide de prendre en main la conception et le tournage du clip. Tourné en super 8, le clip de L'amour à la plage ressemble à ces vidéos familiales qu'on rapporte de vacances et le public accroche. Touche-à-tout, éclectique et créatif, le compositeur prend en main toute la partie visuelle du groupe, du logo en passant par les covers et les clips. Si Tchiki boum a bien marché, L'amour à la plage cartonne, suivi en septembre par un autre hit,  Je dois m'en aller qui confirme Niagara comme groupe majeur de la scène pop rock. Muriel, désormais Moreno, affirme son talent de chanteuse.

Niagara est fin prêt pour sortir son premier album en novembre 1986, " Encore un dernier baiser", mais désormais sans José Tamarin1 qui ne se reconnait pas dans l'évolution plus pop du groupe.
Le public accueille cet album avec enthousiasme et il sera reconnu Disque d'Or, tout comme les trois autres albums studios de Niagara : "Quel enfer" en 1988, "Religion" en 1990 et "La Vérité" en 1992.

Suite au succès de "Encore un dernier baiser", Niagara s'installe à Paris pour des raisons pratiques.

Mais leur succès les pousse sur les scènes internationales qui les accueillent à bras ouverts, du Japon au Canada.
A noter que Niagara est le premier groupe français à avoir été sponsorisé par MTV Europe.


 

Fin du groupe, naissance du mythe

Le succès moindre (comparativement à leurs précédents opus) de "La Vérité" qui sera quand même disque d'Or, les tournées marathon et les problèmes vocaux de Muriel Moreno poussent Niagara à mettre fin à sa carrière en tant que groupe.

En 2002 sort une compilation sous différents formats dont un avec tous leurs clips : "Flammes" qui sera certifié disque d'or puis triple platine alors que Niagara a tiré sa révérence 10 ans plus tôt.

Comment expliquer cette longévité dans le cœur du public ?

Il y a d'abord l'alchimie entre le duo de tête qui avance dans la même direction musicale qui les pousse vers une constante évolution musicale. Presque sans coup férir, Niagara est passé de la bluette pop à un rock plus radical avec des titres tirés de l'album "Religion" (certifié platine) tels que Le ciel s'est déchiré ou encore J'ai vu qui sera censuré en 1991 pendant la guerre du Golfe.
Riffs de guitare chiadés, paroles de plus en plus engagées, Niagara joue la prise de risque et gagne en séduisant un public plus exigeant.

Il y a aussi l'atout Muriel Moreno. Atout vocal autant dans les ballades que dans un registre rock, mais aussi un look élaboré entre punk et dandy, elle reste la chanteuse aux cheveux rouges.

Il y a enfin une exigence de perfection qui se ressent à tous les niveaux, musical, visuel et scénique, exigence qui leur a permis d'être totalement libres au niveau créatif.

Cette playlist embrasse toute la carrière du groupe par ordre chronologique et montre son évolution.

Bonne écoute !

 

 

Notes

1 José Tamarin est décédé des suites d'un AVC le 22 octobre 2019 à Brest

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