Ce matin, je me suis couchée à l'heure où les premiers navires apparurent à l'horizon des plages normandes, dans les jumelles des Allemands, avec un sentiment d'inachevé.
L'Opération Neptune (nom donné au débarquement) n'était "que" la première étape de l'Opération Overlord qui désigne l'ensemble de l'offensive alliée sur le nouveau front ouest.
Je repensais à tous ces gars survivants du débarquement, qui pensaient que le plus dur était passé.
A tort.
Si les soldats européens savaient à quoi s'attendre pour avoir vécu l'invasion sauvage de leurs pays respectifs, les soldats américains (ce qui comprend les Canadiens) et Australiens n'étaient pas préparés mentalement à l'enfer qui les attendaient.
Une mini série raconte l'histoire de ces hommes : Band of Brothers.
Dans notre mémoire collective, le film Le Jour le plus long est presque devenu une référence quand on évoque le D-day.
Super production internationale s'appuyant sur la réalité historique, elle en a tous les atouts mais aussi les défauts avec une vision un peu trop idéaliste incarnée par un John Wayne, emblème de la "grande Amérique".
Band of Brothers, la guerre à visages humains
Inspirée du livre éponyme de l'historien Stephen Ambrose cette mini série de 10 épisodes relate l'histoire de la Easy Company de la 101ème division aéroportée de l'armée US, compagnie devenue mythique par ses actes de courage.
Elle relate l'évolution de ces soldats venus de tous les États Unis, de tous les horizons sociaux, depuis leur entraînement en Angleterre à la prise du Nid d'Aigle.
Ce ne sont pas des personnages de fiction, les acteurs incarnant les vrais combattants, qui témoignent dans la série.
Ils n'étaient pas nés pour être des héros, certains le deviendront, malgré eux. D'autres y laisseront leur âme et leurs illusions.
De la terrible avancée dans le bocage normand où se cachent les nids de mitrailleuses allemandes, en passant par Bastogne ou la découverte du massacre de Malmédy, ils sont confrontés à la résistance désespérée des Allemands mais aussi à eux-mêmes.
Jusqu'à se dépasser.
Ces mois de combats les ont changés, les ont endurcis mais si certains se demandaient encore quelle était la vraie raison de leur présence en Europe, une découverte va balayer leurs doutes.
La Easy Company vient d'entrer en Allemagne.
Apercevant des miradors au loin, le commandant Richard Dick Winters (incarné par Damian Lewis) envoie des éclaireurs, pensant à un poste de défense allemand.
Quand l'un d'eux revient, l'air hagard, il lui demande ce que c'est. Confronté à l'indicible le soldat répond "Je ne sais pas, sir... je ne sais pas.".
Scène choc, d'un réalisme stupéfiant et presque insoutenable.
Pour ceux de la Easy Company, comme pour tous les alliés qui découvrirent les camps nazis, ce fut un tournant décisif dans leur compréhension de cette guerre, devenue une lutte contre le Mal absolu.
Un générique émotionnel et solennel
Avec Frères d'Armes, son titre français, on est loin du lyrisme héroïque du Jour le Plus Long.
Ses créateurs, Tom Hanks et Steven Spielberg (excusez du peu !), conseillés par les vétérans, ont pris le parti du réalisme avec un souci qui leur a parfois été reproché (comme la scène de la tonte d'une femme en Hollande).
Uniformes, matériels, situations, c'est une reconstitution d'une fidélité remarquable pour honorer des hommes ordinaires que la guerre a rendu remarquables.
Jusqu'à ce piano planté on ne sait comment ni pourquoi, au milieu d'une rue de Carentan (de mémoire), incongru dans ce générique très éloigné du triomphalisme de celui du Jour le Plus Long mais, pour moi plus chargé en émotion.
Le compositeur (américain) de la B.O., Michael Kamen, est décédé en 2003, deux ans après la première diffusion de la série.
Merci pour ce partage qui ne peut que nous interpeller surtout en ce moment
RépondreSupprimerBonne journée
Bises
Bien le bonjour Pix,
RépondreSupprimer+1 : c'est une excellente série (dans ma liste -une série de Séries- elle est en caractère gras.), et Historique de surcroît.
Histoire (avec un grand H) éprouvante, surprenante, dramatique mais pleine d'abnégation et de volontarisme patriotique : la force de la volonté parait dérisoire face à la puissance d'en face, et pourtant...
Des frères d'armes tellement touchants !
Coucou ma Pipiou
SupprimerJe suis d'accord avec toi sur toute la ligne... ou presque.
Car ce que j'ai aimé dans cette série c'est que le "volontarisme patriotique" en est pratiquement absent, même si ce patriotisme est parfois évoqué en filigrane chez les engagés.
J'ai ressenti cette série comme un portrait presque en deux temps :
• les premiers épisodes pendant leur entraînement en Angleterre les posent en tant qu'individus d'horizons totalement différents. Le brave fermier de l'Arkansas qui pense à sa ferme, le bagarreur irlandais qui pense faire bonne fortune, le petit nerveux de Little Italy, etc.
L'esprit de corps apparait quand la Easy veut dégager l'ambitieux (et crétin) Sobel et qu'ils font corps autour de Winters pourtant si différent d'eux.
• leur "mutation" s'opère dès qu'ils sont largués en Normandie. Pour survivre physiquement et moralement, ces entités deviennent un corps soudés autour de ses officiers.
Ce n'est pas le patriotisme qui les motive mais la nécessité de survivre.
Cette série me fait un peu penser à "Platoon" mais c'est à mes yeux une des meilleures productions américaines sur WW2.
Et je kiffe le générique !
j'ai vu cette série y'a bien longtemps, "le filigrane" et les intervenants m'auront donc marquée.
RépondreSupprimerLe générique est à l'image de la série, il est juste parfait :)
Music'alement lisant, j'suis arrivée sur le lien qui suit :
https://www.underscores.fr/chroniques/disques/2013/12/band-of-brothers-michael-kamen/
un peu trop analystique pour moi et je ne m'y connais pas assez !
Bon jour M'dame Pix :)
Coucou !
SupprimerNous sommes tout à fait d'accord !
Curieuse, j'ai suivi ton lien. Et je sors peu convaincue de ma lecture.
C'est très bien écrit, très "intellectualisé". "Analystique" ? Un peu trop, à mon avis. Peut-être injustement, un autre adjectif m'est venu à l'esprit : pompeux.
Je suis comme toi, une profane et il ne viendrait à l'esprit d'aucune personne sensée de me traiter d'intellectuelle ! 😂
Du coup dans cet article, des choses m'ont fait réagir.
Déjà, je suis exaspérée par ce postulat devenu global de toujours tout ramener à la Shoah en oubliant le reste, comme l'opération T4 ou Porrajmos !
Comparer le travail de Williams (Liste de Schindler) et celui de Kamen (notamment sur l'épisode du camp) est un non sens. Primo parce que composer pour le cinéma n'est pas forcément le même travail que composer pour la télévision. Deuzio parce que ces deux compositeurs n'ont pas la même sensibilité. Et tertio le sujet traité n'est pas le même malgré son point de convergence.
Tu sais que la Déportation est un sujet qui me passionne.
"La Liste de Schindler" traite de l'attitude d'un homme d'affaires nazi face à la Shoah. Les images (notamment celles de Birkenau) prennent le parti d'une esthétique "léchée" que j'ai personnellement trouvée peu réaliste (bien qu'historiquement exactes) et démonstrative et la musique de Williams est raccord.
Or en évoquant cet épisode particulier, Pierre Braillon tombe dans le piège, facile et commun il est vrai, de l'erreur historique et donc d'une possible erreur d'analyse.
Pourquoi ?
Comme je l'écris dans mon billet, la Easy est en Allemagne, or en Allemagne il n'y a tout simplement pas de camp d'extermination, ceux-ci étant concentrés sur la Pologne. Ce que ces hommes découvrent est un "simple" camp de concentration (probablement même un Kommando rattaché à un camp-mère vu l'architecture).
Du coup on peut comprendre que "l’approche de Kamen [soit] aux antipodes de celle de Williams" en envisageant qu'il traite à la fois la globalité du Crime contre l'Humanité et sa compréhension brutale et stupéfaite par ces jeunes hommes. Là où Williams est dans la démonstration, Kamen est dans l'émotion Humaine.
En essayant de me mettre dans la peau d'un lecteur ignorant de tous ces points, je suis arrivée à la conclusion qu'au sortir de ma lecture je ne me précipiterais pas pour aller écouter.
Ah ! Ben tu m'as mis le neurone en ébullition ! 😄
C'est bon parfois d'être simpliste ! En tout cas, j'assume !
Bizouilles
j'ai vu cette serie quand France2 l'avait passée
RépondreSupprimermerci de ce souvenir, d'un bon moment télé americain
bonjour Pixelie, c'est une série que j'ai toujours eu l'envie de regarder, je termine la servante écarlate et je m'y mets, en plus une mini série ça me convient tout à fait! Bizz
RépondreSupprimerBonjour Sylvie
SupprimerPasser de l'une à l'autre, ça va te faire un sacré changement de registre !
Le deuxième volet, "Pacifique" m'a nettement moins emballée malgré sa qualité. Ma méconnaissance de l'histoire de cette partie du monde y est probablement pour quelque chose mais c'est surtout que je n'y ai pas retrouvé le côté humain du premier volet.
Je n'ai entendu que du bien sur "La Servante Écarlate" mais, jusqu'à présent je n'ai pas vraiment été tentée de la regarder. Avec ce qui se passe actuellement, je vais y remédier.
Bisous