HELLFEST - le Paradis est en Enfer

 "Mesdames et Messieurs,
Bienvenue à bord du TGV xxx à destination des Sables d'Olonne. Nous informons nos voyageurs qu'exceptionnellement ce train fera une halte culturelle en gare de Clisson. La SNCF vous souhaite un agréable voyage."

Ovation dans les voitures où une bande d'énergumènes en noir portant encore les stigmates d'une Fête de la Musique bien arrosée se libérait de la tension nerveuse provoquée par un retard de près d'une heure à Paris, une heure qui nous faisait rater la navette pour Clisson. Sachant que j'étais femme de cheminot, le contrôleur était venu me dire qu'il cherchait une solution. Je n'ai rien dit aux potes : pas sûre qu'à la "feuille", ils acceptent de bouleverser le trafic. Mais qu'on a aimé la SNCF ce jour-là ! 

Clisson, petite ville de Loire Atlantique entre Médiéval et Renaissance.
Clisson, la Lourdes et la Mecque des Métalleux de France et du Monde.

 

Clisson, c'est une ville tranquille où il fait bon vivre et tournée vers la Culture mais quand après la période Fury Fest (au Mans) nous déboulâmes dans ses rues, pour les Clissonnais ce fut un choc bien compréhensible.

Chers Melomaniacs qui fréquentez ces colonnes, je franchis le pas entre l'univers musical que je vous présente ici et cet autre  monde qui paraît si obscur et parfois inquiétant : celui des Metalleux.
Pour cela, rien de mieux que de vous  emmener sur la terre du Muscadet où le diable ne s'habille pas en Prada! 😈

Clissonnais et Métalleux : le divorce avant le mariage

Quand en 2007 nous sommes descendus du train et avons traversé la ville pour nous rendre sur le site du Hellfest, sans parler d'hostilité il était clair que notre présence n'était pas spécialement souhaitée.
La réputation des Métalleux, entretenue par des calotins tels que l'abbé Bruguière ou la dévote Christine Boutin, ou encore un Michel Drucker ou un Karl Zéro nous présentant soit comme des dégénérés soit comme des satanistes néonazis, nous avait précédés. 

Se connaître pour mieux s'aimer

L"organisation était famélique ! Pénurie de douches, de chiottes, de moyens de déplacement pour se rendre en ville, et pourtant les  quatre premières années Hellfest furent les meilleures pour les quelque 20 000 die-hard que nous étions.
Que ce soit les habitants ou les commerçants, personne n'était vraiment prêt et cette première année fut cruciale pour bâtir la relation qui existe aujourd'hui entre Clisson et son festival.

Certains habitants osèrent franchir le pas pour venir voir sur place cette horde étrange, telle cette responsable du collège de Clisson venue me voir pendant le concert de Machine Head. "Je veux comprendre pourquoi certains de mes élèves aiment cette musique". Je lui parlais de ma propre expérience et de l'effet du Metal sur nous. Vaillante, elle est restée sous la pluie pour regarder l'énergique prestation des Américains, headbanguant et battant la mesure du pied.
Avant de partir, elle s'est tournée vers moi, un sourire jusqu'aux deux oreilles "Je crois que j'ai compris".

Les commerçants quant à eux n'avaient pas du tout anticipé le rush.
Persuadés qu'à l'instar des rappeurs ou des ravers nous étions des asociaux, ils furent pris de court au niveau des stocks. Que ce soit le Leclerc ou les restaurateurs, il a fallu faire le réassort dans l'urgence. Car les métalleux appartiennent majoritairement à la catégorie CSP+ et ils consomment. Hors billets, ils dépensent en moyenne 400 €/personne.
Lors d'un repas dans un des restos gastronomiques de Clisson avec des amis, la patronne m'a avoué qu'en nous voyant arriver, crottés de boue et de poussière, elle avait hésité à nous servir, craignant qu'on se barre sans payer. En 2008, nous lui avons laissé 95 €/personne... ça crée des liens.

Si la première année ce fut l'inquiétude qui présida à notre arrivée au Leclerc, depuis c'est un passage presque incontournable où  entre personnel et "anciens" c'est une sorte d'amitié, un grand moment où on retrouve des potes comme en témoignent ces images. Leclerc comme vous ne le verrez jamais !

Clissonnais vs Clissonnais : la guerre des clans

En 2008 et 2009 nous assistions à de drôles de scènes entre Clissonnais ! 

A Clisson, nous sommes en terre catholique et certains ultras, avec le soutien non négligeable de l'hystérique Boutin et de l'ultra abbé Bruguière demandèrent à Sarko et sa ministre de l'Intérieur de faire interdire le Hellfest. Ils avaient eu gain de cause avec le Metaltherapy Fest, ils échouèrent avec le Hellfest.
Nos meilleurs soutiens furent les Clissonnais eux-mêmes ainsi que les gendarmes qui, consultés par la ministre, affirmèrent préférer faire le Hellfest que la sortie du Luxor, boîte de nuit locale.
Le seul résultat de la démarche des anti Hellfest fut de générer de véritables empoignades entre pro et anti Hellfest, prêts à se friter sur le marché ! J'ai personnellement assisté à un très vif échange au Leclerc et c'était hyper tendu.

Depuis, l'eau a coulé sous les ponts de la ville et des millions d'euros de retombées économiques sont tombés dans la caisse de la ville.
Le Hellfest c'est aussi une chance donnée à des artistes peu connus et le plus souvent locaux, de se faire connaître en élaborant sculptures, photophores géants, etc. qui ornent le site.
C'est aussi chaque année une visite guidée et un repas pour les anciens.

Le Hellfest c'est de l'Amour

Si une des constantes des festivals métal est la bonne humeur général, le Hellfest est sans conteste le plus chaleureux festival du genre !
Que l'on croise un métalleux brésilien rencontré cinq ans auparavant au WOA en Allemagne  ? Ce sont de grandes embrassades comme si on était les meilleurs potes d'enfance !
Religion, couleur, drapeau, handicap, etc., ici il n'y a que le Métal en communion.

Les seuls ostracisés, sauf dans les fests des  pays de l'Est, sont les fachos et néonazes. On les aime pas.

Au Hellfest, une histoire de Petit Q et de gros

Nous n'avons de merci à dire aux  des media, qui nous ont diabolisés (bon, notre look et notre  style musical s'y prêtaient) sans faire œuvre de journalisme, pire dans le cas de Karl Zéro qui a monté un "reportage" sur les métalleux... sans métalleux, faisant endosser ces rôles par des [piètres] acteurs.
Même si le ton a changé depuis que la notoriété du Hellfest est établie dans le monde entier, les métalleux n'oublient pas !

Pas de merci donc, sauf à deux media : Arte qui par sa branche allemande où le métal était plus reconnu qu'en France a couvert le Wacken puis le Hellfest, et Quotidien sur TMC.

Yann Barthès fut le premier à consacrer quelques minutes au Hellefest sans nous conchier !
Tout a commencé dans "Le p'tit Q" et devinez ce qui se passe quand un reporter tend le  micro à un métalleux en disant : "C'est pour le P'tit Q" ?

Depuis, c'est une tradition : une fois par an, fin juin, Quotidien devient la plus grande émission de Q de tout le PAF ! C'est même devenu un rituel, à la grande surprise des invités de l'émission.

Quand je vous dis que le Hellfest c'est de l'Amour !