Aujourd'hui, un couple de Résistants entre au Panthéon.
Comme presque toujours, l'évènement soulève des polémiques. Par delà ces polémiques, il y a une histoire d'hommes et de femmes. Il y a l'Histoire.
Moins connus du grand public que le couple Aubrac, le couple Manouchian incarne une page de notre histoire
Cet article, long, retrace l'histoire d'une chanson.
Mais pour les plus jeunes, ou pour ceux qui ont oublié, j'ai voulu retracer l'histoire des 23 suppliciés qui l'ont inspirée.
Pour ne pas oublier. Pour ne pas que l'Histoire se répète.
Pour ne pas que tous ces hommes, ces femmes, connus et inconnus, soient morts en vain.
Pour réfléchir aux conséquences possibles de nos choix.
Histoire et politique se mêlent toujours intimement mais sans jamais faire bon ménage : selon qui tient la plume, le prisme des idéologies tend à déformer les faits et la vérité historique est souvent la première victime de ce paradoxe.
Pour vous parler de la génèse de cette chanson, je tenterai d'être aussi neutre que possible en ne vous exposant que les faits mais ne t'étonne pas, cher Mélomaniac, si parfois dans cet article transpire un peu de parti pris.
Dictatures et choc d'idéologies
Contexte historique
Juin 1940.
Réputée pour être la première armée du monde, l'armée française s'effondre en trois semaines et le défilé des troupes nazies sur les Champs Élysée martèle la réalité du moment ; la France est désormais sous la botte nazie.
L'extrême droite française a renversé le gouvernement et ce coup d'état permet au héros de Verdun de prendre le pouvoir.
Pétain, qui "a fait don de sa personne à la France", rencontre Hitler le 24 octobre à Montoire. La très médiatisée poignée de mains entre les deux hommes choquera les Français, jusqu'au sein des partisans du vieux maréchal.
Très préoccupé par son image auprès des Français, en l'apprenant il s'en justifiera.
C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration.
Cette poignée de mains scelle la singularité de la France au cœur de l'Europe occupée..
Bien que divisée en deux par la ligne de démarcation, avec au nord et sur la façade atlantique une zone sous administration de l'occupant et au sud la zone non occupée (dite zoné "nono"), la porosité entre les deux zones permettra l'influence des uns et des autres sur leurs territoires respectifs.
Hitler et Pétain ont en commun la haine des juifs, des étrangers et des communistes.
Le régime de Vichy recevra souvent les félicitations des nazis qui n'osaient pas rêver plus fidèles collaborateurs dans l'épuration.
Les communistes : le cul entre deux chaises
La chasse aux bolcheviks ne date pas du gouvernement de Vichy.
Dès l'arrivée au pouvoir des communistes en 1917, des états "tampons" seront créés pour empêcher le péril rouge.
Pourchassés pour entente avec les nazis
A la suite de la signature du pacte germano-soviétique, le gouvernement Daladier dissout le Parti Communiste Français et ses organisation (26 septembre 1939). Les municipalités communistes seront dissoutes à leur tour le 5 octobre.
Les rafles de communistes, français et réfugiés, ont lieu sur tout le territoire.
Missak Manouchian, qui ne cache pas ses sympathies pour l'Union soviétique et pour les Républicains espagnols, est arrêté une première fois.
Pourchassés pour attentats contre les nazis
Si à la tête du PCF on suit la ligne du Kommintern sans barguigner, pour les militants communistes de base ce pacte pose un vrai cas de conscience : entre la lutte contre le fascisme, un des piliers de la doctrine, qui fait de ce pacte un acte contre nature, et le soutient aux Républicains espagnols anti fascistes, les communistes sont dans une situation inconfortable.
Et ça ne s'arrangera pas avec l'invasion allemande puis la Collaboration !
Les communistes sont déchirés entre leur patriotisme et l'obéissance au Parti. Certains commencent la lutte à titre personnel, publiant des tracts contre l'occupant et le régime de Vichy, d'autres rejoignent l'Angleterre ou l'Algérie pour tenter d'organiser une résistance.
Mais la discipline communiste n'est pas une vague notion.
Les actions directes contre les nazis comme l'attaque en septembre 1940 d'un dépôt de camions allemands à Vimy organisée par le communiste Auguste Lecœur (dont Manouchian est proche) avec les Résistants polonais de la mine, restent des actes isolés.
Dans cet étrange climat, le militantisme clandestin ne faiblit pas malgré les risques.
De sa propre initiative, le gouvernement de Vichy met en place une politique de répression dure à l'encontre des juifs et de tout ce qui est de gauche, communistes en tête.
Melissak et Mélinée Manouchian militent activement pour des organisations d'aide aux réfugiés arméniens rescapés du génocide arménien de 1915 et pour les Républicains espagnols. Ouvrier, Melissak fait partie des membres actifs de la MOI (Main d'Œuvre immigrée).
Opération Barbarossa : les communistes dans la lutte armée.
Lancée le 22 juin 1941, l'invasion de l'URSS va rebattre les cartes, le pacte germano-soviétique volant en éclats : dès lors, dans toute l'Europe, les communistes passent du militantisme à la lutte armée contre les troupes nazies.
Le même jour, Manouchian, qui a quitté la zone nono pour rejoindre Mélinée à Paris, est arrêté une première fois par la police allemande puis envoyé pendant quelques semaines au camp de concentration de Compiègne-Royallieu d'où il sera relâché faute de charges solides.
Avec d'autres militants et sympathisants communistes, tels Micha et Knar Aznavourian parents de Charles, la MOI se lance dans une campagne de sape du moral des troupes occupantes, mettant sur pied des cellules d'accueil de déserteurs et se livrant à du travail de renseignement.
L'Affiche Rouge : de la propagande aux martyrs
Le travail des historiens ne laisse plus de place au doute : la responsabilité pleine et entière du gouvernement de Vichy dans les pires heures de notre histoire ne peut ni ne doit être diluée dans la théorie de la seule pression allemande.
Résistances et création des FTP
Joug économique de l'occupant, rafles des juifs (dont celle du Vel' d'Hiv') à travers toute la France par la police française, mise en place du STO, destruction du Vieux Port de Marseille et déportation de ses habitants... : autant de mesures qui sont mal perçues par les Français.
Dans la France apathique et silencieuse, des groupes de Résistance se forment, ceux fidèles à de Gaulle et les FTP (Francs Tireurs et Partisans) fidèles à Moscou. Ces différents groupes fusionneront le 1er février 1944 pour former les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur).
La Résistance n'est plus seulement idéologique : des attentats visent désormais aussi bien les infrastructures qui alimentant la machine de guerre du IIIème Reich que ses zélotes.
La réponse de l'occupant, avec la bienveillante complicité des hauts responsables de la police française, est toujours brutale : de Chateaubriant à Bordeaux, les exécutions d'otages se multiplient, accompagnées de déportations.
FTP-MOI : Le Groupe Manouchian-Boczov-Rayman
Sous l'impulsion de Jean Moulin, Londres accepte à contre-cœur de fournir des armes aux FTP. Aux côtés des FTP franco-français, les membres de la Main d'Œuvre Immigrée sont organisés en groupes armés.
A Paris et région parisienne, le Le Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, composé de Polonais, de Hongrois, de Roumains, d'Arméniens, dont beaucoup de membres sont juifs, se montre particulièrement actif.
Parmi la trentaine d'opérations à son actif, on compte les déraillements de train ou encore l'attaque de la feldgendarmerie de Levallois-Perret. Une vingtaine d'Allemands tombera sous ses balles.
Les FTP-MOI font l'objet de toute la "sollicitude" des services de police français, celle de la Brigade Spéciale 2 notamment.
En mars 1943 la BS2 arrête 140 de la MOI, parmi lesquels Henri Krasucki et sa famille. Il sera déporté à Auschwitz Birkenau.
Mais leur ultime et plus spectaculaire action scellera le sort du groupe.
Exécution de Julius Ritter le 23 septembre 1943
Colonel SS, Julius Ritter est adjoint de Fritz Sauckel surnommé "le négrier de l'Europe", responsable de la déportation de centaines de milliers de travailleurs européens vers les usines du Reich, travailleurs dont les conditions seront à peine meilleures que celles des déportés.
A ce titre, Julius Ritter supervise le STO en France, au prix de rafles brutales. Il est l'homme à abattre, pour son rôle et pour le symbole.
Il est 08:30 am quand Julius Ritter monte dans sa voiture. Un groupe d'hommes du FTP-MOI l'attend.
Les premières balles tirées par Celestino Alfonso, amorties par la vitre, blessent le nazi qui s'extirpe de son véhicule.
A ce moment là, Marcel Rajman (photo) l'achève avec l'arme fournie par Hans Hessel, un soldat de la Kriegsmarine qui, écœuré par les exactions nazies, a rejoint la Résistance sous le nom d'Albert Roche.
Traque, arrestation et propagande
Cet assassinat politique est un coup dur pour les nazis, d'autant que la défaite de Stalingrad en janvier, la non victoire de Koursk auxquelles s'ajoutent les revers de l'Afrika Korps, montrent la fin du mythe de l'invincibilité allemande. Le IIIème Reich qui devait être millénaire craque de partout.
Himmler en fureur veut une répression à la hauteur de l'affront.
Quant aux autorités françaises, conscientes que l'effondrement du Reich signifie leur perte et l'opprobre nationale, elles mobilisent les BS (Brigades Spéciales) et toutes les forces de police de la région parisienne.
Après des heures de filature et de surveillance, le SD et la BS (Sichereitdienst) procèdent à l'arrestation de membres du réseau. Le travail de police assuré par la BS n° 2 et les RG permet l'arrestation de 68 membres des FTP-MOI et de facto lé démantèlement du réseau.
Incarcérés, torturés, 23 des membres du FTP-MOI sont condamnés à mort le 19 février 1944. Y a-t-il eu procès ou pas ? Nombreux sont les témoignages recueillis par les historiens qui démentent le maintien d'un procès public, voire d'un procès tout court.
Le 21 février, les 22 membres masculins sont fusillés au pied du mur de la forteresse du Mont Valérien. Beaucoup refuseront d'avoir les yeux bandés devant le peloton d'exécution.
Olga Bancic sera décapitée à la prison de Stuttgart le 10 mai 1944 après avoir été atrocement torturée.
Il est à noter que malgré les tortures infligées tant par les nazis que les séides de Pétain, aucun des 23 ne parlera.
Liste des 23 suppliciés :
L'Affiche Rouge : propagande, polémique et postérité
Éditée à 15 000 exemplaires par le CEA (Centre d'études antibolchéviques ) satellite de la LVF, cette affiche montre les portraits de 10 des condamnés, tous juifs.
Nazis et vichyistes, sentant probablement le vent tourner, veulent remobiliser l'opinion française en désignant à sa vindicte ses ennemis préférés par des intertitres sans équivoque ni nuance :
le crime est juif, et le crime est étranger. Et le crime est au service du judaïsme, de la haine juive
Pour faire bonne mesure et pour que le message entre bien dans les esprits, des tracts seront également imprimés, reprenant au recto la fameuse Affiche avec au verso la bonne vieille rhétorique de "l'ennemi intérieur" judéo-bolchevique.
(NDLA : à quelques mots près, cette rhétorique n'a pas pris une ride malgré son odeur rance)
Malgré les moyens mis en œuvre (un film de propagande sera également diffusé) cette affiche ne fait pas naître la grande colère escomptée au sein de la population.
Pire, des passants anonymes y dessineront le V d'une victoire qui est désormais proche, d'autres y écriront des messages de sympathie.
Les Renseignements Généraux rapporteront également le dépôt de gerbes avec des bandeaux "Morts pour la France" ou encore "Martyrs".
Même si ces manifestations discrètes ne sont pas massives, elles n'en sont pas moins révélatrices d'un changement d'esprit au sein de la population.
Curieusement, les photos des dix "terroristes", soigneusement choisies pour susciter la peur et le dégoût, firent naître chez beaucoup un sentiment de sympathie voire de compassion.
Des polémiques à une chanson
Pour écrire ce dernier paragraphe, mes recherches m'ont conduite jusqu'à la nausée intellectuelle et morale.
Derrière la façade d'une France unifiée dans la Libération, se cache hélas le visage hideux de la vile politique : sur le fumier des idéologies fanatiques ne poussent que les fruits de la haine tandis que meurent les fleurs de l'héroïsme.
La genèse
Alors que certains communistes mais également des intellectuels transpartisans, comme les frères Lévy, bataillent pour qu'une rue porte le nom de "Groupe Manouchian" (au sein du PCF d'autres polémiques ont fait que les noms de Boczov-Rayman (Rajman) ont disparu), d'autres veulent honorer la mémoire de ces martyrs.
C'est ainsi qu'en 1953 Claude et Raymond Lévy s'adressent à Louis Aragon pour lui soumettre dix nouvelles, récits authentiques de la Résistance, dont la première est consacrée au groupe Manouchian.
Louis Aragon, immense poète et communiste convaincu, tiendra ce propos qui, personnellement, me révulse.
On ne peut pas laisser croire que la Résistance française a été faite comme ça, par autant d'étrangers. Il faut franciser un peu
En 1951 Louis Aragon préfaçait la réédition demandée par Staline d'un ouvrage de 1946 regroupant les lettres de fusillés. mais en en expurgeant celles des FTP-MOI, conformément aux consignes de Moscou tandis que l'Europe de l'est est en pleine vague de purge antisémite.
A contrario, dans son poème Strophes pour se souvenir, il ne parlera que des "français de préférence" (tel Manouchian qui s'était vu refuser sa demande de naturalisation), oubliant les Français de nationalité.
En octobre 1954 la mairie de Paris donne son accord pour qu'une rue porte le nom du Groupe Manouchian. Retenu à Moscou, Louis Aragon dit "Demandez moi ce que vous voulez" à Claude Lévy. Ce dernier lui suggère d'écrire un poème, ce que fera Aragon, Staline étant mort.
Le jour de l'inauguration, le 5 mars 1955, L'Humanité publie le poème sous le titre Strophes pour se souvenir.
Pour l'anecdote, la rue du Groupe Manouchian est inaugurée juste en face de la maison d'Alter Mojsze Goldman, polonais juif entré dans la Résistance et père d'un certain Jean-Jacques Goldman.
Une chanson souvenir face à la censure
En 1958 Léo Ferré découvre le recueil de poèmes d'Aragon intitulé "Le Roman inachevé" dans lequel figure "Strophes pour se souvenir". Séduit tant par les textes que par leur musicalité, Ferré demande à Aragon de les mettre en musique.
Après avoir rencontré le poète, Léo Ferré concrétise son projet en 1959 mais l'album "Chansons d'Aragon" ne sortira qu'en 1961 après qu'il ait démarché plusieurs labels jusqu'à ce que Barclay le signe.
Parmi les dix titres enregistrés en mono, Strophes pour se souvenir que Ferré intitule L'Affiche Rouge, comme il rebaptisera les autres titres.
Contrairement à l'idée généralement reçue, il n'en est pas le premier interprète. La première à la chanter en public est Monique Morelli, chanteuse qui a basé son répertoire sur les textes des grands noms de la poésie française.
Présentée par celui qui deviendra un acteur connu, Jean-Pierre Darras, Monique Morelli interprète L'Affiche Rouge pour la première fois à la télévision lors de l'émission "Discorama" de Denise Glaser, le 30 décembre 1961.
Tandis que les paroles défilent, on découvre un extrait de la dernière lettre de Missak à Mélinée, écrite à la prison de Fresnes quelques heures avant son exécution. Dans cette lettre qu'il signe "Michel", Manouchian revendique de mourir "en soldat régulier de l’Armée française de la Libération" et il exprime une dernière fois son amour à celle qui ne fut jamais son épouse officielle mais qui fut son unique amour.
Lettre intégrale :
C'est la version de Léo Ferré qui sera encensée par la critique et que retiendra le grand public, frappé par le ton dramatique que lui donne le chanteur.
La chanson sera censurée sous les présidences de de Gaulle et de Giscard d'Estaing.
A propos de Mélinée Manouchian
Quant à Mélinée Manouchian, voyant que Missak n'est pas rentré au soir du 16 novembre, elle comprend qu'il a été arrêté et s'enfuit, échappant de peu à une nouvelle rafle.
La veille déjà, elle a échappé de peu à l'arrestation : alors qu'elle transporte des armes, un policier l'interpelle et lui demande ce qu'elle a dans son sac. Rigolarde, elle lui répond "Des pistolets". Pour incroyable que cela paraisse, le flic ne la fouille pas ; il se contente de lui dire qu'il "ne faut pas plaisanter avec ces choses là" !
Elle se réfugie momentanément chez les Aznavourian. Ses amis lui cacheront pendant plusieurs semaines la mort de Missak.
Sa photo est placardée dans les commissariats. Traquée, elle modifie son apparence et passé l'intense période d'abattement après qu'elle ait apprit la mort de son amour, elle reprend son action au sein de la MOI.
En 1947 elle rejoint l'Arménie soviétique. Elle découvre la réalité du stanilisme et elle alerte ses amis Aznavourian par messages codés pour les dissuader de venir alors que ceux-ci avaient obtenu l'accord des autorités soviétiques pour s'installer à Erevan avec leur jeune fils, Charles.
Elle ne pourra revenir en France qu'en 1982 dans le cadre de la détente initiée par Kroutchev.
Ses rapports avec le PCF resteront houleux malgré l'amitié de Georges Marchais et d'Henri Krasucki (ex secrétaire général de la CGT) qui fut lui aussi membre des FTP-MOI, arrêté, toturé et déporté à Birkenau.
Sur son propre quota, François Mitterrand l'élève au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur.
Elle meurt le 6 décembre 1989 et sera inhumée au cimetière d'Ivry sur Seine près du carré où reposent Missiak et plusieurs de leur compagnons de combat. Seul parmi les cadres du PCF, Krasucki bravera l'interdiction (non officielle il va de soi) du Parti pour l'accompagner.
En 1994, les cercueils de Missak et Mélinée sont déposés côte à côte sous la stèle des militaires morts pour la France.
ah... Léo... sans aucun doute mon préféré... si tu savais les disques de lui que j ai ici... je ne m en lasse jamais... bisous
RépondreSupprimerJ'admire le poète, l'interprète mais j'ai un peu de mal avec le bonhomme en lui-même. C'est irrationnel mais quelque chose m'a toujours dérangée chez lui.
SupprimerCe qui n'enlève rie à l'artiste.