Dans l'enfer concentrationnaire nazi, une tradition cynique instaurée par les gardes tant SA que SS, voulait que les prisonniers chantent en allant au travail et leurs geôliers les encourageaient à composer un hymne propre au camp auquel ils étaient rattachés.
Au camp du Borgermoor, l'initiative vint des détenus eux-mêmes.
Les nazis avaient autorisé les détenus à organiser des activités culturelles sur leur temps libre dominical, quand il en avaient encore la force. C'était une façon de résister moralement.
Quand Die Moorsoldaten fut composé, on était encore à la genèse de l'univers concentrationnaire, qui au fil de son extension comptera environ 980 camps de concentration sans compter les multiples Arbeit-kommandos, dont les Alliés découvriront l'horrible réalité douze ans après l'ouverture du premier camp d'Oranienbourg et des millions de victimes.
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SS et médecins - Dachau-Oranienbourg 1933 |
Die Moorsoldaten, entre résistance et espoir
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Mémorial camp Esterwegen-Borgermoor |
En août 1933, les SS se déchaînèrent sur les prisonniers du camp de Borgermoor qui ressortirent complètement traumatisés de l'épreuve.
Devant la détresse de ses camarades de captivité, Wolfgang Langhoff, prisonnier communiste, demanda et obtint l'autorisation de monter un spectacle de cabaret. Avec d'autres prisonniers communistes ils composèrent Die Moorsoldaten, décrivant leur quotidien et leur espoir d'être libérés, bien que sachant que le spectacle se déroulerait devant les gardiens et les SS.
Le 27 août 1933 les prisonniers sont prêts pour présenter leur spectacle intitulé Zirkus Konzentrani (Cirque des concentrationnaires).
Rudi Goguel, un ancien prisonnier et compositeur de la mélodie, raconte :
Les seize chanteurs, pour la plupart membres de l'association ouvrière de chant de Solingen, défilaient bêche à l'épaule dans leurs uniformes de police verts (nos vêtements de prisonnier de cette époque-là). Je menais la marche, en survêtement bleu, avec un manche de bêche brisé en guise de baguette de chef d'orchestre.
Nous chantions, et déjà à la deuxième strophe, presque tous les mille prisonniers commençaient à entonner en chœur le refrain. De strophe en strophe, le refrain revenait de plus belle et, à la dernière, les SS, qui étaient apparus avec leurs commandants, chantaient aussi, en accord avec nous, apparemment parce qu'ils se sentaient interpellés eux aussi comme « soldats de marécage ».Aux mots « Alors n'envoyez plus les soldats du marécage bêcher dans les marécages », les seize chanteurs plantèrent leur bêche dans le sable et quittèrent l'arène, laissant les bêches derrière eux. Celles-ci donnaient alors l'impression de croix tombales."
A partir de 1935, des prisonniers libérés s'exilent à travers l'Europe, notamment en Angleterre où le musicien de Bertolt Brecht, Hanns Eisler, l'entend pour la première fois et il en fait une adaptation pour le chanteur Ernst Busch (ci-après). La chanson sera reprise en Espagne par les Allemands des Brigades Internationales où Busch s'est engagé.
Une "Internationale" concentrationnaire
La chanson a voyagé en Basse Saxe, notamment au camp de concentration voisin du Borgermoor, le camp d'Esterwegen. (d'où la fréquente confusion sur son origine)
Des prisonniers d'Esterwegen furent envoyés près de la ville d'Oranienburg pour construire un tout nouveau camp : Sachsenhausen.
Ce fut le point de départ de cette chanson qui, au fil des transports de déportés d'un camp à l'autre, allait être chantée dans tous les camps, jusqu'à Auschwitz, et dans toutes les langues des bagnards du Reich, y compris par les femmes de Ravensbrück.
Die Moorsoldaten sera même chantée au goulag de Tambov par les "malgré nous" alsaciens et mosellans capturés par les soviétiques.
Bonjour Pixelie, merci pour cet article, triste époque, les Juifs ont beaucoup souffert, ainsi que d'autres prisonniers politiques.....
RépondreSupprimerBonjour Mamyvel
SupprimerPas seulement les juifs ma chère Mamyvel.
La Shoah fait oublier toutes les autres victimes.
Sans vouloir minimiser le génocide des juifs (entre 50 et 60 % des juifs européens ont disparu lors de la "solution finale du problème juif"), on oublie un autre holocauste qui fait peu réagir, celui des tziganers, roms, etc. dont on estime qu'entre 65 à 80 % de la population européenne ont été liquidés.
Le monde concentrationnaire est une coupe longitudinale de la société de l'époque.
Une "triste époque", assurément mais qui reviendra car quelle que soit l'époque, l'Homme est la pire espèce qui peuple cette Terre.
Ite missa est
Bisous
.... Oui Pixelie, j'avais oublié les tziganes, les handicapés ..... des fous ces nazis !!!!! mais, heureusement, Hitler est mort, le IIIè Reich n'a pas perduré.... attention, oui "l'homme" du pouvoir et de l'argent est, s'il n'est pas modéré, de la "pire espèce", en devenir d'être un "dictateur " !!!!! et tu sais l'Apocalypse de St-Jean parle d'un Antéchrist, oui, hélas, ce sera sans doute le prochain....... no comment (as-tu entendu parler des CBDC - je te mets le lien : reçu de F-Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/cbdc-la-fin-de-l-argent-un-film-documentaire-ne-pas-rater )
SupprimerCoucou Mamyvel
SupprimerOn oublie tous, progressivement.
En épinglant cet article, c'était avec un mouvement d'humeur car après un petit tour sur les chaînes "d'info" rien, pas un mot sur cette journée. Elle n'est certes "que" nationale mais justement, la France est loin d'avoir les mains propres !
Oh mais que si le IIIème Reich a perduré. En catimini, certes, mais au nom de la concorde nationale, de la "dénazification" de l'Allemagne, des assassins, criminels de guerre, criminels contre l'humanité ont occupé des postes très élevés dans l'administration allemande ou dans son industrie. Non seulement les idées ne sont pas mortes avec le bonhomme mais leur transmission a perduré.
ils n'étaient pas fous, c'est une excuse beaucoup trop facile ! Ils savaient pertinemment ce qu'ils faisaient.
Quant à la question religieuse, pardonne d'avance ma brutalité de langage (je ne suis pas toujours diplomate, j'avoue 😁) mais la position du Vatican à l'époque fut un grand modèle de tartufferie !
Et de ma part, c'est une façon élégante de dire les choses !
Silence "religieux" quant à la déportation (ou expulsion) des Roms italiens (dès 1926), idem quand après le congrès de Vérone (1943) ce furent les juifs qui furent visés.
D'un côté foutre les jetons au vulgum pecus avec l'avènement de l'Antéchrist et de l'autre fournir des faux papiers et de l'argent à des criminels nazis notoires, ce n'est plus de la tartufferie. C'est de la complicité. Et nommer un pape, ancien de la Hitlerjugend... ma conception du religieux n'est pas compatible.
Fort heureusement, des prêtres ont pris la parole de leur propre initiative, au risque d'être exclus de l'Église et même d'être déportés à leur tour. Dieu reconnaîtra les siens.
"Die Moorsoldaten", écrit par les premiers prisonniers politiques du Reich, est devenu à la fois un chant de résistance, de résilience et un hymne de souffrance international dans un univers où la déshumanisation a été appliquée avec une rigueur presque scientifique.
Des voix à ne pas oublier.
Bisous ma Belle.
Bonjour ma Pixi
RépondreSupprimerOuille quel sujet !
Le monde nazi ... des années plus tard, on peut dire que pas grand chose a changer au niveau de l'humanité, quand on voit que des " fous " de droite, de gauche, du centre etc etc sans parler politique hein, je parle uniquement des pays, ils sont tous bons a mettre un parpaing attaché à une corde et ficelé autour du cou, puis les jetés à la mer, et qu'ils se fassent bouffer par les requins 😡
Monde de fous, de tarés et toujours les mêmes innocents qui trinquent.
Je suis une vieille, ma vie est faite, mais je pense a mes enfants et mes petits-enfants, aux enfants de notre terre, quel bel héritage ils vont hériter !!!!
Vaste sujet, ma Pix, ça me retourne les tripes, un sujet, qui a mon avis ne sera jamais résolu, trop de dingues sur cette planète
Je file voir mes copinautes, bon début semaine bizouilles
Hello la Louve !
SupprimerSi tu suis le lien que je t'ai envoyé en privé, tu verras que je cite Berthold Brecht et ce n'est pas un hasard.
Comme je l'écris à Mamyvel, le problème n'est pas un problème de parti politique, quelle que soit sa couleur : c'est l'Homme en soi.
Pour ce qui est de nos descendants, que ce soit dans les choix de vie ou financièrement, c'est à EUX de gérer cet héritage ! S'ils ont encore une conscience et une intelligence non artificielle, qu'ils prennent leurs responsabilités !
Nan mais ça va pas la tête ! Tu trouves pas que nos mers et océans ne sont pas assez pollués ?! Ce ne sont pas des poubelles ! 🙃
Une piqûre de rappel de temps en temps, ça fait pas de mal !
Bibises
Re
SupprimerOui oui je ne parlais pas de politique, je parlais biens des hommes, de tous temps les guerres ont eu lieu, ce n'est pas maintenant que ça changera et avec ce qu'ils consomment en liquide ou dans les veines, le futur va être dégueu........ ils sont tous pourris jusqu'à la moëlle, l'être humain est le plus destructeur grrrrr
Je te trouves dure quand même avec nos gamins et petiots, quand les grands laissent de la M... leur avenir sera d'un compliqué, moi je ne serai plus là pour le voir et heureusement, quoi que, a la vitesse ou ça va c'est encore pas certain
Hé ben un peu plus polluée ou pas, plouffff si si si je réitère
Coucou !
Supprimer"Dure" ? Et encore, je l'ai fait "light" ! 😈
Nos "gamins" sont maintenant des quadra ou presque quinqua.
Ma génération a fait ce qu'elle a pu pour préserver l'héritage social de nos aînés, n'est-ce pas ? Même si nous n'avons pas réussi sur toute la ligne, au moins avons nous limité la casse.
J'ai manifesté contre les "ordonnances Macron", la loi "Sécurité globale", la réforme des retraites, j'étais aux manifs de soutien des soignants. Jeudi, j'en serai.
Pour le moment, ces "gamins" profitent encore un peu de ce qu'il reste sans avoir rien fait pour défendre leurs droits car dans les dernières manifs les jeunes brillaient par leur absence !
La génération des 20/30 ans ne se sent pas concernée ? ils préfèrent "liker" leur congénères influenceurs de Dubaï ? Libre à eux !
Ne pas agir c'est choisir et je ne pleurerai pas sur leur sort.
Ils étaient habitués à ce qu'on fasse leur lit, qu'ils changent leurs draps eux-mêmes le moment venu... Et vu l'état des draps choisis, je serai bien contente de dormir ailleurs !
Quand on ne peut pas recycler les déchets, l'incinération peut être une solution... 😁
Bisous