Dans tous les courants musicaux, il y a les "die hard" ou "true" ou, plus français dans le texte, les puristes, tellement fans qu'ils ne veulent pas que ça bouge, ou alors pas trop.
Mais voilà, en musique comme en toute chose, ça évolue ou du moins ça change même si l'évolution ne saute pas aux yeux. L'essentiel reste que l'esprit d'origine ne soit pas trahi.
Ainsi le rap du XXème siècle qui, quoi qu'on pense du genre, de MC Solar à I AM en passant par Diam's et NTM, portait le message non seulement des banlieues mais d'une jeunesse qui ne trouvait pas sa place, parce qu'ignorée voire méptisée.
En 1998 NTM mettait en garde : "Trop de blabla, trop de plagiat.Trop de merdes sont étiquetées pe-ra."
Cette fois, c'est mémère qui sort le tonfa !
Les années 2000 ont confirmé ces craintes : le bling bling à remplacé le Sergio 'Fonky" Tacchini, l'apologie du fric facile a remplacé les revendications sociétales pour la "mille-fa d'en bas", pour donner naissance à un gloubi-boulga musicalement basses calories et intellectuellement assez indigeste, même si dans cette tambouille quelques artistes arrivent à sortir du lot.
Passe-moi le Rap à fromage !
Dans la production 2021/22 un titre et un clip ont retenu mon attention et ce n'est pas vraiment pour les bonnes raisons : Rider toute la night interprété par la chanteuse Laeti.
Laeti, alias Original Laeti alias Laetitia Kerfa est actrice et elle a explosé dans la série Validé, produite par Canal +.
D’origine algérienne et guadeloupéenne ayant grandie à Paris, Laetitia Kerfa baigne à l’intérieur d’un multiculturalisme proéminent qui déteint sur elle, pour lui permettre de croiser aussi bien les scènes virulentes du rap et celles du théâtre. Dans ce jeu schizophrénique, elle commence par cracher ses rimes lors de modiques concerts [...] mélange culturel hip-hop et héritage du drame Shakespearien. Ainsi, Laetitia embrasse une multitude de rôle avec notamment celui de rappeuse qu’elle a tant l’habitude d’emprunter." (source intrid.com, propos et fautes d'origine)
Un tel portrait donne envie d'aller à la découverte de ce phénomène, pas vrai ?
Je n'ai pas eu à chercher, le clip étant venu à moi via "La Zone de la chaîne" MCM, émission spécialisée dans la musique urbaine.
Attention ! Chef-d'œuvre !
La vacuité des paroles où la belle Laeti dévoile des ambitions qui tiendraient dans un string pour lilliputienne : "J'veux quitter le quartier, une vue sur la mer Un cocktail et m'faire masser" ouais", ferait le bonheur des misogynes même les moins vachards !
C'est dire que pour exprimer des idées d'une telle élévation, il fallait un texte à la hauteur : gagné !
On est loin des figures de styles des auteurs précités.
La mise en scène est cheap pour des situations caricaturales : le braquage du début ferait se tordre de rire les membres du gang des Postiches.
Quant à la belle, son côté "rebelle" est totalement occulté par une attitude poseuse et là encore on est dans la caricature totale qui frise le grotesque. Même en agitant ses petits doigts, ses grands bras et ses épaules dans tous les sens, elle est aussi crédible en caillera de téci que moi en petit rat de l'opéra ¿
Mais j'ai atteint un sommet de jubilation quand entre en scène un cheval magnifique qui illustre probablement le titre franglais "caca-shit" Rider toute la night, comprendre "chevaucher toute la nuit". S'arrêter à la moto aurait évité à ce clip indigent de sombrer totalement dans le ridicule !
Dommage que son chant plutôt talentueux (malgré un trop-plein de reverb) soit mis au service d'une telle merde !
Bref, je souligne quand même l'exploit qui fait passer Jul pour un gardien du temple rap et Maître Gim's pour un poète des cités !
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