"Happy together" - The Turtles

 
On a tous en tête une de ces chansons d'une autre époque mais qu'on se remet à chantonner avec entrain dès les premières mesures.

On les croyait oubliées et on ne s'intéressait même plus vraiment aux interprètes qu'on croyait emportés dans le maelström du temps.
Jusqu'à ce que soudain résonne une intro qui frappa à la porte de la mémoire et 58 ans plus tard on se dit que ça n'a presque pas pris une ride.

Lalalalala lalala lalala lalalaaa... 
Et on se sent heureux, tout seul ou ensemble.

Quand un amour déçu rend heureux

Retour dans la deuxième moitié des années 60, où États-uniens et Britanniques se tirent la bourre comme au bon vieux temps, pour la domination des hits parades locaux et internationaux.

Outre Atlantique, deux jeunes musiciens compositeurs commencent à se tailler une réputation. 
Gary Bonner et Alan Gordon, membres de "The Magicians", éphémère groupe new-yorkais de rock garage (rugueux !) se feront davantage connaître pour leurs compositions destinées à d'autres artistes.

Ils  proposent leur nouvelle composition, une chanson un peu mélancolique sur un amour non partagé, à une voix et une guitare. Les uns après les autres, les groupes refusent ce titre, Happy together, qui ne semble pas taillé pour faire un tube.

Une baleine blanche, des tortues et des scarabées

En Californie Gary Klein, patron du jeune label White Whale Records (la baleine blanche) a signé un groupe fondé en 1963 par Howard Kaylan et Mark Volman, les Turtles (les tortues).
Gary Klein aimerait bien que ses Turtles détrônent les Byrds, le groupe californien qui cartonne à l'époque.

 
Quand il reçoit la démo des new-yorkais, il se dit qu'il tient peut-être une bonne occasion, avis que ne partagent pas Howard Kaylan et Mark Volman qui œuvrent habituellement dans un registre surf music.

Le bassiste, Chip Douglas, va retravailler le morceau.
Il lui donne un côté plus "martial" avec un rythme très cadencé peu compatible avec une histoire d'amour non partagé. Puis il ajoute des voix additionnelles qui font chorus derrière la voix de Howard Kaylan.

 Les tortues "écrabouillent" les scarabées

Extrait de leur album éponyme, le single Happy together sort aux USA en février 1967 tandis que Chip Douglas quitte sa carapace de tortue le même mois pour rejoindre les Monkees.

Si The Turtles s'étaient déjà taillé une réputation  en Californie, ce titre va les propulser comme une fusée au sommet.

A cette époque les stars incontestées sont les Beattles (les voilà mes scarabées !) et leur titre Penny Lane caracole en tête des hits et charts du monde.
Dès sa sortie le single des Tortues californiennes délogent les Scarabées anglais de sa première place au Billboard Hot 100.
Le succès sera aussi fulgurant quand le single sort en Europe au printemps.
Repris dans plusieurs langues, utilisé à la télé et au cinéma, Happy together reste leur titre emblématique qui clôture leurs concerts comme ici en 2007.

Même si les Californiens signeront quelques succès par la suite, ils n'atteindront jamais un tel niveau de popularité. 
The Turtles se sépareront en 1970 pour se retrouver treize ans plus tard avec toujours à leur tête les deux amis Howard Kaylan et Mark Volman.

 

A noter que le binôme fondera un groupe satirique et travaillera avec T-Rex, Frank Zappa et Alice Cooper qui saluait leur talent de chanteurs.

 J'aurais pu conclure cet article avec la formule "et ils vécurent heureux ensemble" ce qui est presque vrai car après plus de 60 ans de carrière et d'amitié communes, Mark Volman (à gauche sur le clip, avec les lunettes et le ravissant pull moutarde) a définitivement posé ses instruments le 5 septembre dernier à l'âge de 78 ans.

►Paroles et traduction