Cacophonie !

C1 C2
" Dans un orchestre, il peut y avoir, dissimulés, un certain nombre de gens qui ne connaissent pas la musique. Ce n'est pas très gênant si les autres font beaucoup de bruit."
Jean-Pierre Chevènement

Du Cresoxipropanédiol oui, mais en capsule



Votre pharmacien est en grève ?
Même pas grave ! J'ai l'ordonnance qu'il vous faut !

A prendre à tout  moment de la journée en cas de coup de mou ou de coup de blues, une à deux doses de bonne humeur diluée dans une gouaille digne d'un titi parisien, c'est le remède de Ginette Garcin.

On oublie que cette actrice populaire fut aussi chanteuse. Cependant son répertoire peut avoir des effets secondaires dont le plus fréquent est un blocage des zygomatiques.

►Ginette Garcin - Chansons thérapeutiques


23 août, 2025

Michel Polnareff - "Un Temps pour Elles" (Album)


C'est en écoutant par hasard "Le Monde d'Élodie" (Radiofrance) du 14 août que j'ai découvert que Michel Polnareff avait sorti un album le 25 avril.
Ben ça alors ! Il est encore vivant !

Depuis son exil américain en 1973, j'avoue ne pas vraiment m'être préoccupée de son parcours d'autant que je ne suis  pas une faninconditionnelle de l'artiste.
J'en étais restée à l'album "Kâmâ Sutrâ" avec Marylou, Toi et Moi ou encore LNHO. Pendant les 28 ans entre cet album et la sortie de "Enfin !" j'étais passée à autre chose.

Autant dire que j'étais vachement curieuse de découvrir "Un Temps pour Elles" !

Un Temps pour Elles, l'"ultime album" de Polnareff

Pas de panique si vous êtes un fan ! Par "ultime" l'artiste ne veut pas dire "dernier", comme il l'explique sur YouTube à Basique.

"Magnifique"... Rien que ça ! 

J'ai l'impression de faire un premier disque. C'est comme une renaissance. Je pense que c'est un de mes meilleurs albums, peut-être le meilleur. C'est venu au moment où ça devait venir

Connaissant le talent du bonhomme, une telle déclaration ne peut que faire naître l'impatience, chez les fans et les autres, de découvrir de nouveaux titres dont il a le secret.

"Un temps pour elles" intemporel ?

Premier prix du Conservatoire à 12 ans après avoir appris le piano à la dure, Michel Polnareff est un personnage qui va se démarquer de la production française dès ses débuts.

Polnareff, le barde de la pop-rock française


Fasciné par la culture anglo-saxonne, épris de liberté, surtout en ce qui concerne sa musique, un brin provocateur, le jeune musicien auteur-compositeur va se démarquer dès son premier tube.
Signé par Lucien Morisse d'Europe 1 chez son label Disc AZ, l'inconnu Michel Polnareff a déjà ses exigences. Son premier disque, c'est à Londres qu'il veut l'enregistrer. Morisse accepte.
Polnareff s'entoure de deux autres jeunes inconnus, Jimmy Page à la guitare et John Paul Jones à la basse. Ces derniers deviendront des stars avec leur groupe Led Zeppelin, quant à Michel Polnareff, il casse la baraque avec son premier disque, La Poupée qui fait non.
C'est un triomphe !

Provocateur et provoquant - ses fesses deviendront aussi célèbres que celles de Bardot - il aborde des sujets tabous dans la société conservatrice pré-68.
Il accumule les tubes et les succès : Love me,  Please Love Me, L'Amour avec Toi, Tous les bateaux, tous les Oiseaux, le magnifique Bal des Laze puis, plus tard On ira tous au Paradis, ou Holidays, La Mouche ou encore Lettre à France, Goodbye Marilou... la liste est longue.

Son talent fait oublier son côté égocentrique et un chouïa mégalo et pour ma génération, il reste un symbole.
C'est dire ma fébrilité en partant à la découverte de cet album !

En remontant le fil du Temps pour Elles

Écumant toutes les radios, tous les plateaux, tous les réseaux ♫☺, Polnareff est partout pour assurer la promo de son dernier bébé.

 
Le front s'est dégarni, le cheveu a blanchi mais à 80 ans l'artiste n'a rien perdu ni de sa modestie légendaire ni de son mordant.

Quand lors d'une interview à l'AFP on lui demande ce qu'il pense de la scène actuelle, le jugement tombe : "[il] la trouve très pauvre". Blam !
Et il enfonce le clou !

Je me suis toujours trouvé un peu meilleur que les autres artistes de mon époque mais là, j'ai presque un sentiment de solitude parce que je n'ai rien entendu qui m'impressionne. Du coup, je préfère me réfugier autour de mon nombril. Ça isole, ça permet de rester dans sa bulle 

Voyons voir (ou écouter) ce qui se passe au niveau du nombril de l'artiste.


 

Un album en demie teinte 

Pour découvrir cet album "magnifique", j'ai suivi le fil d'Ariane promotionnel avec le premier clip au nom en forme de provoc, Sexcetera
Je salive déjà, imaginant un petit bijou d'érotisme et de provoc comme Polnareff nous en a réservé par le passé.

Déception ! 
Ce titre est taillé pour être un tube, creux. Sur le thème à la mode, les genres, Polnareff décline les jeux de mots poussifs en mode almanach Vermot sur une mélodie moderne très... 20ème siècle.
Ce n'est pas une mauvaise chanson, je n'irai pas jusque là, mais c'est loin d'être "magnifique" !

Certains chroniqueurs y ont vu un message "réac", pour ma part je n'y ai rien vu du tout. Mais interrogé par le Point sur ces réactions, l'artiste s'en défend en rappelant qu'il a  toujours été du "côté de la liberté sexuelle" :

Réac ? Je ne sais pas pourquoi. Il n'y a aucune raison. Je n'ai pas changé. Je dis simplement : « Fais ce que tu veux avec ton corps et ton cul, tant que tu ne touches pas au mien ». Chacun est libre.

Quant au clip...

Si plus haut je le qualifiais de "chouïa mégalo", j'étais apparemment bien en deçà de la vérité ! MOI Polnareff mais MOI en mieux !
En César, en Jésus, en maréchal napoléonien, en Superman et... en ouvrier besogneux, il est décliné à l'infini et même ad nausæm, en vieux beau, séducteur irrésistible. Voir celui qui, en 1971, répondait aux polémiques en chantant Je suis un homme semble vouloir nous en convaincre définitivement, pectoraux et biceps avantageux. Pathétique !
Ce clip est un gros bijou en toc plaqué or, ciselé par une IA qui régurgite tous les clichés passéistes du virilisme bodybuildé et du féminisme à gros nibards ! Un joyau de mauvais goût !

Passablement échaudée, je ravale ma déception car un faux pas ne mène pas forcément à une sortie de route et je repars à la découverte de ce nouvel opus.

Un temps pour elles mais pas trop long alors !

Première surprise, le format de l'album : 8 titres, 31 minutes, ce n'est plus un album, c'est un EP !
Deuxième surprise : sur les 8 titres, 4 instrumentaux. C'est un choix surprenant mais est-il justifié ?

Si l'album est consacré au femmes qui ont compté dans la vie de Polnareff, la première piste intitulée Un temps pour elle est consacrée à celle qui compte en ce moment.
C'est un titre de bonne facture, au tempo bien marqué et la surprise de retrouver la voix particulière de Polnareff quasi intacte.

Villa Cassiopée, un instrumental, montre que Michel Polnareff reste un pianiste aux doigts agiles mais était-il besoin de répéter cet ostinato sur 05:34 minutes ? Les petites facéties pianistiques n'empêchent pas de trouver le temps un peu long.

Tu n'm'entends pas est une ballade d'amour avec, trop écrasées en arrière-plan, de belles envolées orchestrales et un peu de reverb pour moderniser un peu un genre convenu.
En piste 3, sa version instrumentale n'est pas désagréable à écouter en mode plus symphonique bien que le piano écrase les parties orchestrales.

Ouf ! On se réveille un peu avec Quand y en a pour deux. Entre rock et variété, on se demande un peu où il veut en venir et les petits riffs de guitares un tantinet énervants ne changent rien. J'ai l'impression d'entendre le Petit Train d'Interlude sous amphétamines...

Nouvel instrumental avec Solstice durant lequel je me demanderai ce qu'a pu faire ce malheureux clavier pour se faire marteler ainsi, avec seulement des petits répits façon clavecin pour se remettre et alléger un peu tout ça.

L'album se termine sur Un moment de 05:18 minutes instrumentales durant lesquelles Polnareff montre qu'il reste un musicien brillant certes mais ce morceau ressemble à un digest des titres précédents, ré-accommodés, comme ce bon vieux bœuf mironton pour finir le reste du pot-au-feu.

Un album dispensable 

Frustration et déception, tels sont les deux sentiments que j'éprouve après l'écoute de ce mini-album dont les 31 minutes ont réussi l'exploit de me faire trouver le temps long par moments !

Sans attendre du "magnifique" je m'attendais au moins à du grand Polnareff et le compte n'y est pas. Pire, entre ses critiques sur la scène actuelle et ses auto-satisfecit, on pouvait s'attendre à nettement mieux.
Lors de son interview au Point, à Jean-Luc Wachthausen qui lui demande de définir le "style Polnareff" celui-ci répond

Résolument pop, intemporel, indémodable car, pour moi, c'est un style qui, je crois, n'a pas vieilli et reste très attaché à ma personnalité. Il y a des gens qui pensent que je suis prétentieux, mais je ne le suis pas. Ni humble non plus parce que ce serait être hypocrite. Ce que je fais, je le prends très au sérieux, sans me prendre moi-même au sérieux.

Pourtant c'est une impression globale de "Polnareff dans son jus" mais pas le meilleur, à l'inspiration un peu fatiguée. Un tel album signé "Tartempion" n'aurait probablement fait un tel buzz. 

Ce n'est pas un mauvais album, ce n'est pas non plus un bon album si on le compare à ce qu'il a écrit par le passé.
Les mélodies sont plutôt agréables mais pourtant l'ensemble manque d'allant, de légèreté et de fluidité et même les effets qui se veulent surprenants tombent à plat. 
Est-ce la part importante des instrumentaux sur un si court album ? Un toucher de piano un peu lourdingue ?

Toujours est-il que c'est comme si un ancien amant particulièrement brillant m'avait donné rendez-vous dans un restaurant gastronomique et promis une nuit "magnifique" pour finalement finir sur la banquette arrière d'une bagnole après une bouffe au Flunch.
En claquant la portière, je me dis qu'au lieu de prendre du temps pour moi, il aurait pu en prendre un peu plus pour lui. 

Ma note : 13/20 en souvenir du passé. 


2 commentaires:

  1. ben écoute moi j aimais beaucoup Polnareff "en son temps"... du coup je préfère ne pas écouter ce nouvel album... c est un peu comme le village de Kerhostin en Bretagne où j allais enfant... je n ai jamais voulu y remettre les pieds pour ne pas être deçue... je vais réécouter le bal de laze ou qui a tué grand maman tranquilou... gros bisous

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    1. Coucou !
      Pour être honnête, mon avis est totalement subjectif et non professionnel.
      Tu pourrais trouver cet album très bon... comme beaucoup de critiques le pensent.
      Il y a quand même 2 titres qui sont dans la veine de ce qu'on aimait de lui : "Un temps pour elle" et "Tu n' m'entends pas".
      Mais je comprends ton point de vue... et vu ma conclusion, c'est ce que j'aurais dû faire.
      Gros bious

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