Il n'y a pas que les anglo-saxons qui savent chanter Noël !
En France, on sait faire aussi et...
Pardon ?
J'ai fait deux fautes dans le titre ?
Ah mais pas du tout !
La France ne s'arrête pas aux côtes de l'Atlantique, même si on a tendance à l'oublier passée la saison du tourisme.
Pour cette saison, je vous emmène aux Antilles, où les sapins sont rares mais où les cœurs sont chauds.
Pour cette première visite chez nos compatriotes ultra-marins, j'ai posé ma hotte aux Antilles (y a même un titre rescapé d'Haïti !).
L'héritage d'une histoire douloureuse
On a tendance à l'oublier mais certains métros, comme à Nice ou Strasbourg, ne devinrent Français que bien après les habitants de la Guadeloupe et de la Martinique, ce qui suscita cette exclamation de de Gaulle, en visite à Fort-de-France en 1966 "Mon Dieu ! Comme vous êtes Français !"; reconnaissance que l'état français a souvent tendance à oublier.
L'évangélisation des esclaves
L'ancienne grandeur de la France s'est écrite sur des pages parfois peu glorieuses comme la colonisation et l'esclavagisme.
C'est sous Richelieu que commence l'histoire française des petites Antilles, avec le peuplement par des blancs pauvres, les "engagés", dont le statut ressemblera plus à celui d'esclaves que de travailleurs volontaires.
Avec l'arrivée des esclaves noirs, une "pigmentocratie" se met en place, qui fait remonter les "engagés", les noirs prenant leur place en bas de l'échelle sociale.
Suite à la promulgation de l'article 2 du Code noir par Louis XIV en 1685, les jésuites prennent en charge l'instruction religieuse des esclaves.
Outre le catéchisme, les jésuites enseigneront aux esclaves des chants religieux et cantiques dont certains remontent au Moyen-Âge. Ils leur apprennent également à jouer de certains instruments, non pas pour leur distraction, mais pour en faire des choristes pour les offices religieux.
A noter que cette pratique touche toutes les colonies des puissances européennes.
Les esclaves adoptent la religion de leurs maîtres mais sans renoncer à leurs propres croyances, mêlant au fil du temps ces chants sacrés à leurs chants et rythmes profanes qui se transmettront au fil des siècles.
Les "chanté Nwèl", une tradition fraternelle
Dès le lendemain de la Toussaint, Martiniquais et Guadeloupéens commencent à fêter Noël.
Les livrets ressortent des tiroirs et le week-end on se retrouve entre amis, en famille, pour chanter ces chants qui mêlent folklore français, créole, chants sacrés en français et même en latin dans une ambiance de fête ponctués par des instruments typiques, et ce jusqu'au réveillon où on se retrouve autour de la table pour savourer pois d'angole, ragoût de cochon, jambon caramélisé au sucre de canne et bien sûr ti punch, punch coco et schrubb (rhum arrangé liquoreux où ont macéré des écorces d'oranges).
Les "chanté Nwèl" sont l'occasion de renouer avec les valeurs de fraternité et de partage.
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