Par Roysma (Travail perso. domaine public) |
Depuis près de cinq ans que je remplis la hotte de Noël, il m'aura fallu une guerre pour découvrir l'origine d'un des plus célèbres chants de Noël.
Décliné presque à l'infini, utilisé dans des B.O. de films (Maman j'ai raté l'avion ou encore Sur les traces du Père Noël) dans des pubs, Carol of the Bells en est presque devenu une scie ! Si ! Si ! j'vous jure !
Si en octobre 2022 on m'avait demandé d'où vient le fameux Carol of the Bells (ou aussi Carol of Bells), j'aurais répondu sans hésiter : les USA ! Peut-être l'Angleterre...
Et j'aurais perdu...
Mais mon petit doigt me dit que je n'aurais pas été la seule.
De Shchedryk à Carol of the Bells,
A l'instar de nombreux titres moult fois arrangés et adaptés tandis qu'ils faisaient le tour du monde, leur origine s'est au mieux perdue dans une mémoire collective confuse, au pire leur histoire s'est complètement perdue au fil du temps.
J'avoue que sans mon amie ukrainienne, j'aurais persisté dans mon ignorance.
Chtchedryk, quand une hirondelle fait le printemps
L'histoire agitée de l'Ukraine fait souvent oublier que sa culture propre remonte au milieu du IXème siècle dans l'état médiéval de la Rus' de Kyiv et que de changements de frontières en annexions ou occupations,elle est restée vivace, transmise par des conteurs, chanteurs-musiciens
Chtchedryk (généreux en ukrainien) est un chant traditionnel ukrainien antérieur au christianisme.
A cette époque, dans les pays de l'est, le Nouvel An était célébré en mars quand le retour des hirondelles annonçait le printemps et le travail aux champs et à la ferme qui assuraient la prospérité du foyer.
Traduction des paroles originales
Dans l'ancienne Ukraine, cette chanson était une shchedrivka (au pluriel shchedrivky).
Les shchedrivky étaient chantés en famille autour d'une table de fête. Les enfants chantaient de porte en porte pour souhaiter la prospérité et l'abondance aux familles contre quelques pièces et de la nourriture.
Plus tard, ces chants seront entonnés une semaine après Noël.
A cette époque c'était un chant sur quatre notes, à une seule voix, connue essentiellement des seuls Ukrainiens même si le bouche-à-oreille lui a permis d'arriver aux oreilles des pays voisins.
Mykola Leontovytch : une identité culturelle
Colonisation ou annexion ne se limitent pas à une prédation territoriale et économique.
Dans leur forme la plus "aboutie" elles passent également par une prédation culturelle voire une éradication pure et simple.
La russification des pays qui formèrent l'Empire russe, puis l'URSS jusqu'à la Fédération de Russie façon Poutine a été et continue d'être radicale, à tous les sens du terme en ce qui concerne l'Ukraine.
L'histoire de l'humanité a montré que quand on arrache la toute dernière racine culturelle d'un peuple celui-ci disparaît. Le folklore (folk=peuple + lore=savoir) est la racine la plus profonde, véritable carte d'identité d'un peuple.
En cela l'histoire qui suit est assez extraordinaire et aurait pu rester secrète tant que des dirigeants pro-russes seraient restés à la tête de l'état ukrainien.
Une histoire violente. Sanglante. Terriblement actuelle.
Une passion musicale et folklorique
Mykola Leontovytch voit le jour en Podolie (UK) le 13 décembre 1877 sous l'Empire russe, au sein d'une famille où on est prêtre de village de père en fils mais aussi passionné de musique.
Son père Dmytro Féofanovytch Léontovytch est un multi-instrumentiste qui chante plutôt bien et dirige la petite chorale de l'école. Quant à sa mère, Maria Iossypivna Léontovytcha, elle est réputée pour son chant que l'on dit admirable.
Les deux parents transmettront leur passion à leurs enfants.
Dans la tradition familiale, il est envoyé au séminaire afin d'y suivre des études théologiques.
Mais c'est là aussi qu'il parfait son éducation musicale, tant instrumentale que théorique. Outre sa participation à la chorale, il deviendra violoniste du nouvel orchestre monté par le séminaire.
A la disparition du chef de chœur, Mykola prend le relais, ce qui marque un tournant dans sa carrière.
Une quête musicale et mémorielle
C'est à cette époque qu'à l'instar de nombreux musiciens ukrainiens, il commence à collecter des chants du folklore traditionnel ukrainien, n'hésitant pas à aller de village en village.
Il commence à travailler sur de nouveaux arrangements et intégrera ces morceaux profanes au répertoire religieux de la chorale du séminaire ainsi que d'autres adaptations de Mykola Lyssenko, Porfyriy Demoutsky, aussi passionnés que lui.
C'était déjà une forme de résistance. En effet à cette époque un décret interdisait l'interprétation de chants ukrainiens en public aussi, afin de ne pas attirer les foudres russes sur le séminaire, le chœur se retrouvait clandestinement le samedi soir sur un vaste terrain vague au nord de la ville, terrain qui accueillait les gitans et les plus défavorisés de la ville (dont des séminaristes).
En 1899 il abandonne définitivement l'idée de devenir prêtre pour se consacrer totalement à la musique.
Chef de chœurs, chef d'orchestre, compositeur, sa carrière est mouvementée au cours de laquelle il écrira deux compilations des chants de Podolie.
Mais dans ce vaste répertoire, une chanson va lui donner du fil à retordre et c'est Chtchedryk.
La lente gestation d'un succès universel
La plupart des chants ukrainiens sont polyphoniques et donc assez faciles à mettre en musique, Mais coller des arrangements orchestraux sur une mélodie aussi simple que celle de Chtchedryk va représenter une vraie gageure pour le musicien, alors qu'il en a orchestré plus d'une centaine, considérées comme des chefs-d'œuvre, déjà.
Première édition 1918 (extrait) |
Mykola Leontovytch va plancher pendant six ans sur ses partitions.
Sur les conseils de Boleslav Yavorsky, professeur au Conservatoire de Kyiv, après cinq arrangements il conserve l'ostinato (répétition obstinée d'une mélodie, rythme... dans un morceau) original et écarte l'idée d'une orchestration.
Il adapte cette chanson à une voix pour une chorale mixte et un chant a capella et l'intitule simplement Shchedryk.
Il présente son manuscrit à Oleksandr Koshytsia, célèbre chef d'orchestre à Kyiv, qui est tout de suite emballé. L'œuvre sera jouée pour la première fois en le 25 décembre par la chorale de l'Université St Volodymyr de Kyiv pour l'Assemblée des Marchands de Kyiv, sous la direction du compositeur.
Succès international et soft power
Il n'est pas rare que culture et politique cheminent ensemble, par accord tacite ou pas. Dans l'histoire agitée de l'Ukraine une nouvelle page s'ouvre, pleine d'espoir : en 1917, après la révolution bolchevique. L'Ukraine, par un vote de la rada de Kharkiv devient la République Populaire Ukrainienne.
Dans la réalité des faits, la jeune URSS n'est pas encline à morceler l'empire et voit dans le premier conflit mondial une menace contre sa zone d'influence. En 1918 les soviets reprennent la main en créant la RSU ou République Soviétique d'Ukraine.
Le chef du jeune état ukrainien, Symon Petliura, n'est pas naïf.
Conscient que les discours seraient vains pour déciller un occident persuadé que l'Ukraine c'est la Russie, il veut mettre en lumière la vivacité de la culture ukrainienne. Il y a urgence car tandis que les accords de Paris, sous la houlette du président Wilson, parlent de autodétermination des peuples et que les soviétiques lancent des opérations militaires de déstabilisation du côté de Kharkiv contre le pouvoir de Kyiv.
Grand amateur de musique, il avait été fortement impressionné par un concert où un titre de Leonovytch, Legend; a eu un grand succès. Il demande au compositeur de faire une sélection de titres qui sera interprétée par la chorale de RSU dans le cadre d'une grande tournée européenne et américaine.. Mais le musicien décline la proposition.
Mes chansons sont composées de manière si incohérente qu’elles ne peuvent être chantées sur la scène pragoise ou parisienne
Qu'à cela ne tienne !
Devant l'urgence de la situation, ce sont les membres de la chorale eux-mêmes et le chef Oleksandr Koshytsia qui vont trancher.
Et il y a urgence car l'armée soviétique avance et le soutien des occidentaux est désormais vital.
Le 4 février 1919 les choristes partent à bord du dernier train d'évacuation, le lendemain les troupes soviétiques entrent à Kyiv. C'est peu dire que désormais un poids énorme pèse sur la chorale.
Le 11 mars 1919 la chorale entame sa tournée européenne à Prague pour présenter les œuvres de compositeurs ukrainiens, celles de Leontovytch occupant une part importante. La troupe est vivement applaudie mais quand les quatre notes de Shchvedryk retentissent, c'est un triomphe !Tchécoslovaquie, Suisse, Belgique, etc., l'Europe fait un véritable triomphe à la chorale et à ce titre en particulier.
Tandis que les Russes massacrent en Ukraine, l'Europe découvre la vitalité de cette nation oubliée. Les déportations, la destruction des infrastructures et les exécutions vont bon train alors que le célèbre chef d’orchestre tchèque Jaroslav Krzychka, connu pour être pro-russe, écrit dans la revue Hudebni :
Il est difficile pour la main d’écrire des critiques lorsque le cœur chante des louanges. Les Ukrainiens sont venus et ont gagné.
Je pense que nous ne savions pas grand-chose d’eux et que nous leur avons rendu un très mauvais service en les mettant inconsciemment et sans information dans le même sac que le peuple russe, contre leur volonté. C’est notre désir d’une “Russie grande et indivisible” qui est un argument faible contre la nature du peuple ukrainien tout entier, pour qui l’indépendance est tout, comme elle l’a été pour nous
Paris, concert exceptionnel pour "saluer" le démembrement de l'Ukraine
NDLA : l'histoire de Shchedryk étant indissociable de celle de l'Ukraine d'hier, le petit rappel historico-artistique qui suit me paraît tout aussi indissociable de l'histoire actuelle de ce pays. Il y a des bégaiements tout à fait insupportables à mon oreille.
La France refusera d'abord d'accueillir la troupe sur le territoire au motif qu'elle représente un pays non reconnu comme nation.
Elle ne faisait que s'aligner sur la position des participants à la Conférence de Paix qui voulaient bien parler du statut de l'Ukraine... mais sans présence de la diplomatie officielle ukrainienne.
La Conférence de Paix décide finalement de "ne pas humilier la Russie" en lui attribuant une grande partie du territoire, le reste étant mis sous occupation (je ne vois pas d'autre mot) polonaise, roumaine et tchèque.
Pour Petliura, c'est une immense douleur qu'il ne cachera pas dans un courrier adressé au chef du Bureau des nationalités du Parlement français, Jean Pelissier (source ukrainer.net) :
Nous n’avons pas de médicaments, le typhus tenaille les rangs de notre armée, beaucoup de blessés meurent parce que nous n’avons ni médicaments, ni cantonnements (sous-vêtements – ndlr).
Et les puissances de l’Entente, qui proclament de grands principes, interdisent à la Croix-Rouge de venir chez nous !
Nous mourons, et l’Entente, comme Pilate, s’en lave les mains, et nous n’avons d’autre choix que de leur crier : “Morituri te salutant !”
L'ambassadeur français en Suisse qui, ayant vu le spectacle, adressa une lettre de recommandation au ministre des Affaires Étrangères, Aristide Briand qui; enfin, autorisa les Ukrainiens à se produire.
Quand les quatre-vingts choristes montent sur la scène le 6 novembre, on est loin de l'ambiance des concerts du début de l'année : tous savent le sort qui a été décidé pour leur patrie et ils vont l'exprimer en saluant le public d'un vibrant "Les condamnés à mort vous saluent !".
Des émigrés russes tenteront de perturber le concert en troublant l'hymne ukrainien et désignant les malheureux choristes comme ennemis de la France.
Dans toute la France c'est l'enthousiasme d'un public qui semble effaré de découvrir ce peuple et sa culture, comme ce professeur du Conservatoire de Toulouse Georges Güro qui interroge :
On a dit que l’Ukraine faisait partie de la Russie, alors pourquoi le gouvernement russe a-t-il caché la musique ukrainienne aux Européens ?
Si ça ne vous rappelle rien, je veux bien être transformée en canon César sur le "chant" !
A noter que Symon Petliura sera assassiné dans une rue de Paris le 25 mai 1926...
Conséquence directe de la situation au pays, la chorale est officiellement dissoute en 1920 faute de moyens financiers.
Une partie des artistes veulent poursuivre l'objectif fixé par Symon Petliura et forment le Chœur Ukrainien Leontovytch, sous la direction d'Oleksandr Koshytsia,
La campagne de propagande a fonctionné mais trop tard, bien trop tard.
Et désormais se pose une question, vitale pour la nouvelle formation ; comment financer le reste de la tournée ?
La propagande douce si chère au cœur de Petliura a cependant fonctionné au-delà de toute espérance auprès du public car le chœur ukrainien devient la coqueluche des sociétés européennes, des têtes couronnées à la base.
Victoria Eugénie d'Espagne par Philip de Lasló |
Thérèse Clémenceau (fille du Tigre), la reine Victoria Eugénie d'Espagne (petite fille de la reine Victoria) qui a convié princes et princesses bavarois au concert de Madrid, la reine Elisabeth de Belgique, deviennent de vraies fans, des hommes politiques et artistes, pas forcément partisans de l'indépendance ukrainienne, tous sont unanimes pour reconnaître enfin une identité culturelle propre à l'Ukraine... ça ne mange pas de pain.
Dans la rue, par les fenêtres ouvertes, à travers toute l'Europe, une chanson s'envole comme une hirondelle : tout le monde fredonne, chante ou joue Shchedryk. Cela ne stoppera pas les massacres en cours et à venir, mais dans l'opinion publique des esprits commencent à s'interroger sur la réalité du système bolchevique.
La conséquence de cet engouement , plus prosaïque, est d'attirer des promoteurs musicaux, conscients des retombées financières d'un tel succès. Or, après la prise de contrôle des bolcheviks à Kyiv mettant fin à la guerre d'indépendance en 1921, le Chœur Ukrainien Leontovytch n'est plus financé.
Une hirondelle à la conquête de l'Amérique
L'espoir d'un soutien international s'est envolé, l'Ukraine n'existe plus en tant que nation indépendante, et la chorale n'a même plus les moyens de continuer à promouvoir sa culture.
Paradoxalement, c'est un homme d'affaires américain d'origine russe qui va donner un nouvel élan à leur carrière et à leur répertoire. Indirectement, c'est grâce à lui que Shchedryk va devenir un tube universel.
Max Rabinoff est un homme d'affaires qui dans les années 20 participa à de nombreuses négociations internationales visant entre autres à sortir l'Allemagne et l'URSS de l’isolationnisme économique dans lequel les tenaient les puissances européennes. Mais c'est aussi un homme féru d'opéra. Impresario et promoteur de spectacles. C'est très probablement lors d'un voyage en Europe qu'il a entendu le Chœur Ukrainien. Est-ce la nostalgie des chants de son enfance en Russie dans une région qui accueillait beaucoup d'Ukrainiens ?
Toujours est-il qu'il propose un contrat à la troupe pour qu'elle se produise aux États-Unis. Consciente qu'elle n'a plus rien à faire en Europe, la chorale accepte. Elle embarque à Hambourg le 15 septembre 1922 à bord du RMS Caronia et débarque à New-York le 26 septembre, comme en témoigne cette carte postale achetée en souvenir par un des choristes, Nicholas Kostetsky, et annotée de sa main au verso.
Source : Ukrainian History and Education Center |
C'est une nouvelle aventure qui commence pour ces artistes qui n'ont jamais quitté l'Europe.
Avant le début de leur tournée, une vingtaine d'entre eux entrent au studio Brunswick pour enregistrer leurs meilleurs tubes dont Shchedryk dont voici le premier enregistrement connu.
Le triomphe américain
Bien que rompue aux tournées, la troupe porte à présent la responsabilité de faire découvrir son folklore à un aréopage encore moins au fait de la culture ukrainienne que les Européens.
Leur tournée commence le 5 octobre 1922 par la prestigieuse salle du Carnegie Hall de New-York.
Quand la troupe se présente sur scène en costume traditionnel ukrainien devant une salle bondée, le public, et tout particulièrement les membres de la diaspora ukrainienne qui les suit depuis 1919, exulte. Et comme en Europe, les Ukrainiens enchantent littéralement le public. Quand à la fin de la première partie les chanteurs entonnent Shchedryk, c'est du délire !
Le public leur fait une ovation, on leur jette des fleurs et les rappels s'enchaînent.
Les critiques sont élogieuses et même le NY Times qui les traitaient pratiquement de paysans russes (!) mal dégrossis a dû manger son chapeau !
Devant l'ignorance des Américains, la chorale a livré une nouvelle bataille pour faire reconnaître la culture ukrainienne !
Tandis qu'ils sont sur la scène, la chorale ne sait pas que leur chanson fétiche deviendra un des plus grands tubes de Noël.
Comme ils ne sauront jamais que le 5 octobre 2022 un concert célèbrera l'évènement dans une intense émotion ni que tandis que les chœurs chantent la petite hirondelle du printemps, les Russes massacrent à nouveau les habitants de leur pays devenu enfin indépendant.
Le Chœur Ukrainien Leontovytch se produira dans 36 états et 115 villes des États Unis.
Au Mexique, le 26 décembre 2022, il battra le record d'affluence de l'Arena de Mexico avec 32 600 places vendues et 17 concerts en trois semaines (voir la photo de N. Kostetsky) ! Il triomphe aussi en Argentine.
Shchedryk est déjà un tube mondial mais ce n'est encore rien comparé au raz de marée de la fin des 30's.
Carol of the Bells : une adaptation pour les enfants américains
Une première traduction de Shchedryk a été signée en 1933 par un chef d'orchestre américain, Max Krohn, Bluebirds qui respecte la thématique de la chanson d'origine.
Un professeur de musique des écoles publiques et chef de chœur, américain d'origine ukrainienne, Peter Wilhousky, qui travaille à l'occasion avec la radio NBC, décide de faire chanter Shchedryk par ses élèves pour un programme de la station. Il aurait entendu la chanson sur un disque, d'après certains, à la représentation au Carnegie Hall où il aurait été présent, selon d'autres.
Mais devant la difficulté que rencontrent ses élèves à chanter en ukrainien, il décide de réécrire les paroles, plus adaptées aux critères américains.
Le site Ukraïner rapporte l'extrait d'un courrier de Wilhousky au musicologue ukrainien :
J’ai dû écrire un texte en anglais. J’ai supprimé les mots ukrainiens pour “shchedryk” et je me suis concentré sur le joyeux carillon de cloches que j’ai entendu dans la musique”.
Quant à l'arrangement musical, il consiste à ajouter du piano, censé servir aux répétitions mais qui est directement dérivé de la partition de Mykola Leontovych.
Wilhousky se défend de toute démarche commerciale, voulant simplement mettre en valeur une belle musique... sans oublier pour autant de déposer ses droits d'auteur sur les paroles (Kyiv Post).
Vu le nombre d'utilisations de sa version, on peut être désintéressé ¿
► Paroles de Carol of the Bells
Si d'un côté on peut louer le fait que l'œuvre de Mykola Leontovytch soit définitivement passée à la postérité, on peut regretter que son nom ait été oublié sauf en Ukraine, comme a été oubliée l'histoire sanglante et violente de cette superbe mélodie qui témoigne d'une culture que certains aimeraient bien voir enterrée une bonne fois pour toute ou assimilée par un peuple impérialiste.
Je vous restitue ici l'œuvre dans son état originel, par le Chœur Académique de la Radio Nationale d'Ukraine, en hommage à son auteur né il y a 147 ans.
Mort de Mykola Leontovytch
Le génial musicien n'a pas assisté au triomphe de ses œuvres car il est resté en Ukraine où, entre autres, il a formé une chorale d'ouvriers.
Le pays vit sous la terreur de la Cheka (futur KGB) et les exécutions d'intellectuels, de sympathisants de l'Église ukrainienne qui veulent se détacher de Moscou (déjà !), des notables paysans, bref tout ce qui de près ou de loin ressemblent à une menace idéologique, font des milliers de morts.
Pour le compositeur, c'est une période extrèmement difficile pendant laquelle il devra assurer à la fois la survie de sa famille mais aussi la sienne propre
Venu rendre visite à sa famille à Toultchyn, il sera abattu par un probable agent de la Cheka dans la nuit du 22 au 23 janvier 1921.
Il ne saura jamais le rôle considérable de son œuvre et de sa fameuse shchedrivka pour le rayonnement de l'Ukraine dans la culture mondiale.
Ce même 23 janvier, au sortir d'un concert de la chorale au Théâtre des Champs Élysées, l'écrivain et critique dramatique Adolphe Aderer écrira dans Le Petit Parisien :
La grande et invincible nation des Ukrainiens mérite de gagner l’amitié de tous les peuples libres
Prophétique ?
Shchedryk par le Cœur de l'Ukraine
très intéressant ton article... j ignorais tout de la cration de cette œuvre... merci la belle gros bisous
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimeret bien, y en a a lire ici aujourd'hui
hihihi
interessant de decouvrir parfois la vraie histoire
de certains airs ou adaptations qui marchent plus que l'original
et cette histoire ukrainienne dont le pays a toujours été cet enjeu des pays autour
par exemple,
quand ma grand mere polonaise-ukrainienne est née et a vecue enfant , la Galicie
la region appartenait a l'Empire Austro Hongrois, etait region polonaise et ukrainienne
elle a toujours été ballotée entre pays limitrophes
Bonjour Phil
SupprimerEt encore ! J'ai tenté de résumer, me concentrant sur le cheminement de cette shchedrivka à travers le temps.
"Carol of rhe Bells" n'a pas "mieux marché" que "Shchedryk" qui à son époque a vraiment fait un carton international sans moyen technologique, juste par la voix et la conviction patriotique de 80 personnes. Son adaptation US a bénéficié des moyens technologiques pour une plus large diffusion.
Concernant l'histoire de l'Ukraine et globalement des pays de l'est et des Balkans, n'a été qu'une suite de morcèlements, de partitions au gré d'un Monopoly géopolitique qui se moque des peuples et de leurs identités. Si je me mettais à la place de ta grand' mère, j'aurais bien du mal à me définir en tant que citoyenne... Rien de tel que générer le bordel pour faire pousser les nationalismes !
Bisous
mon grand pere et ma grand mere de l'Est sont nés au debut du siecla
Supprimervers 1900 a peu pres
ils sont arrivés a Paris dans les années 20
refugiés politiques, mon grand pere etait russe, et qualifié ainsi
par l'administration ma grand mere, elle, a été qualifiée de polonaise car la region ou elle esr née et d'ou elle venait est devenue polonaise apres 14 18
c'est a Paris qu’ils se sont connus,
et elle est devenue russe par son mariage avec mon grand pere,
ils sont restés russes et refugiés politiques toute leur vie,
enterrés en France sans la ville ou ils sont restés en Meuse apres la guerre 39 45, Stenay
ma mere a été naturalisée française pour passer les examens français a l'ecole,
autrement elle l'aurait été françasie plus tard par mariage
avec mon pere, bien français, lui hihihi
mes oncles, ses 3 freres a maman sont devenus français
en entrant dans l'armee française et en faisant leur service
etant les 4 enfants de réfugiés russes
ils etaient tous russes jusqu'a ce qu'ils soient naturalisées
par demande et par decision de l'administration
ou par l'armee en faisant le service national de l'epoque
mais cela c'etait plus pour les garçons,
ma mere elle, a du demander sa naturalisation française
Bonjour Phil
SupprimerQuel parcours !
Donc, si je comprends bien à la lecture de tes deux commentaires, ta grand' mère était ukrainienne de culture, polonaise par l'Histoire ?
Tes grands parents me font penser à mes amis, elle Ukrainienne, lui Russe. Ils se sont rencontrés à l'université à Khirson et sont tombés amoureux. Depuis l'invasion, il a fait un choix par amour mais aussi par conviction : il se bat pour l'Ukraine. Ils se sont mariés le 14 juillet dernier mais, contrairement à tes grands parents, les chances qu'ils fondent jamais une famille sont quasi nulles et ils n'auront probablement pas l'occasion d'avoir un jour un petit Phil dans leur descendance,
Le corollaire entre ces deux histoires à environ un siècle d'écart, c'est que le cœur est apatride, apolitique et que c'est à lui qu'on devrait confier l'avenir du monde !
L'autre constat est que tes grands parents ont su l'un et l'autre vous transmettre leur culture respective, d'abord comme un patrimoine précieux, mais aussi comme un apprentissage à la tolérance.
Les civilisations qui se sont bâties sur l'enfermement et l'isolationnisme culturel ont toutes disparu à plus ou moins long terme. Ce que les fachos de tout crin n'ont toujours pas réussi à faire entrer dans leur neurone.
Spaciba pour cette belle page d'humanité.
Dasvidania ! :)
Coucou Pixelie,
RépondreSupprimerMagnifique documentaire que tu nous offres !
On découvre à travers ce joli chant printanier tout une culture et les événements historiques et dramatique qui l'accompagnent jusqu'à nos jours.
La culture est l'identité et c'est généralement ce que tentent d'effacer les occupants et/ou les dictatures en priorité.
Mais la vie est plus forte, malgré tout ! Comme le retour des hirondelles et le printemps après l'hiver !
La liberté des peuples n'est pas négociable et le prix en est très, très élevé.
Je te souhaite un excellent week-end !
Bises,
Sosolune
Coucou ma Soso !
SupprimerMais si ! Mais si ! Visiblement la vie des peuples est "négociable" comme un sac de patates contre un bidon d'huile à lampe ! Demande à Trump et à tous ceux qui ont laissé faire ce viol de traités internationaux.
Tandis que je préparais cet article j'ai été frappée par la similitude des attitudes et des réactions à l'international. Sans les dates, on aurait pu penser que ça se passait en 2022 !
Pour ce qui est de l'effacement de la Culture, on n'a même plus besoin des dictatures, nous manions la gomme nous-mêmes. C'est pour cela que j'ai parfois à cœur de rendre à César ce qui lui appartient.
Bisous
Bonjour Fred
RépondreSupprimerFidèle de ce blog, tu sais que c'est un peu mon dada de mêler les deux car, et tant pis si je me répète, la culture en général et la musique en particulier sont souvent des jalons posés le long de l'Histoire, petite ou grande.
Bises
Bonsoir Pixelie, j'avoue que je n'ai pas lu l'intégralité de ton article, désolée, je suis fatiguée de me sentir handicapée, et puis je navigue entre mes blogs et mon site.... je ne suis pas une grande intellectuelle non plus; ah mais je souffre pour l'Ukraine comme tant d'autres, ils sont en guerre, c'est terrible .... nous nous sentons impuissants, nous petits français, et pourtant, croyante, je prie pour la Paix .... ma fille et mon gendre ont des amis le mari français, et dont la femme est ukrainienne, elle avait fait rapatrier en France sa mère.....
RépondreSupprimerEnfin bref, je venais aussi te dire que j'ai retrouvé ma rubrique musiques/chansons sur ekla - mais plein de liens YouTube ne sont plus bons (souvent en raison des droits d'auteur)
RUBRIQUE MUSIQUES CHANSONS SUR EKLA
Bonne soirée, bises