Aujourd'hui 11 mai, RENAUD fête ses 70 ans, dont 47 ans de carrière.
Quand en 1975 ce "blouson noir" des beaux quartiers (le 15ème, c'est pas le Grand Ensemble de Massy !) sortit son premier album "Amoureux de Paname", du côté sud du périph, on était goguenard : c'est qui ce blondin qui se la pète "banlieue" ? Qu'est-ce qu'y connait de la banlieue, d'abord ?!
Les media ne le diffusaient pas encore mais dans toutes les HLM de France et les bistrots à loubards, il a gagné son perfecto.
En 3 titres, Renaud est devenu le héraut et le héros de la jeunesse de gauche et des banlieues.
Curieusement, pour les fans de cette époque, c'est comme si Renaud était resté figé dans cet espace-temps. Comme on refuse de voir vieillir ceux qu'on aime... ou de se voir vieillir.
Je me suis donc forcée pour écouter le dernier album de Renaud, sorti le 6 mai dernier : Métèque.
"Métèque", un album superbement douloureux
"Métèque" en hommage à Georges Moustaki, car ce titre ouvre un album de 13 reprises que la voix éraillée de Renaud va reprendre sur un peu plus de 42 minutes.
Mon premier contact avec le clip du premier single extrait de cet album ne m'avait pas du tout emballée : outre le ton morne et monocorde, le fait de reconnaître le décor de la Closerie des Lilas où il fut tourné m'a remis en tête la descente aux enfers du chanteur.
Et puis quelle idée de reprendre ce titre de Serge Reggiani ! Si tu me payes un verre... Mais au final, quelle ironie quand on connait le combat tant de fois perdu de Renaud !
Ce n'est pas la première fois que Renaud chante des reprises (Brassens, chansons du nord). Sur cet album, il rend hommage à ceux qui l'ont inspiré et qu'il admire.
Il s'en explique au micro de RTL :
Parallèlement à ma carrière d’auteur-compositeur, j’ai toujours eu plaisir à interpréter les chansons des autres, à mettre en valeur des titres un peu oubliés. Là, je voulais rendre hommage à mes maîtres, ceux qui m’ont donné envie de chanter. Et aux chansons qui ont bercé mon enfance, mon adolescence et un peu plus. . Être un passeur qui transmet l’émotion venue d’un autre au plus grand nombre, en apportant un petit peu de soi, sans trahir.
Il m'aura fallu deux écoutes et passer le moment de surprise des arrangements aux teintes rock du Métèque pour entrer pleinement dans l'album.
Renaud, la tendresse bourrue
Et le charme opère. Dès le deuxième titre, L'Amitié de Françoise Hardy, Renaud renoue avec l'émotion qui se fait plus intense, plus triste aussi sur Nuit et Brouillard de Jean Ferrat.
Avec Hollywood ou encore La Folle Complainte, on ressent le plaisir et presque la jubilation de Renaud à revenir en studio pour interpréter ces titres qui lui tiennent à cœur.
La reprise de Si tu me payes un verre (fais pas l'con, Renaud !) de Serge Reggiani peut paraître incongrue, mais on derrière le pochetron, on retrouve cette étrange fraternité des "princes de la cuite".
Et que dire du plaisir pour la fan que je suis de retrouver par moments la voix gouailleuse, presque juvénile de docteur Renaud derrière la voix éraillée et à bout de souffle léguée par Mister Renard, comme sur Je suis mort, qui dit mieux ? de Jacques Higelin.
Étonnamment, alors que j'avais vécu les albums précédents qui marquaient chaque sortie de cure comme des annonces aux rechutes à venir, avec Métèque j'ai l'impression d'une sorte de résurrection.
Oh ! Bien sûr ! La voix est définitivement fatiguée, à se demander si Renaud remontera jamais sur scène mais qu'elle paraît loin la pitoyable prestation de 2020 pendant la covid !
Même le visage, certes usé, est moins bouffi, comme si Renaud s'était un peu retrouvé.
Des arrangements modernes mais bien équilibrés donnent un deuxième souffle à des titres que Renaud interprète avec sa sensibilité et sa sincérité habituelles. La production est à la hauteur de l'évènement, propre et nette.
Ce n'est pas un album parfait, mais c'est un album sincère et tendre où on sent que Renaud s'est fait plaisir
Pour ses 70 ans, Renaud nous fait un superbe cadeau !
Bon anniversaire Monsieur Renaud et... à bientôt !
• Ma note 16/20
Quelques extraits pour vous mettre en bouche
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