On a tous des ces petits plaisirs coupables qu'on a du mal à avouer. Mais si ! Mais si !
Il y a des trucs qu'on écoute en douce pour éviter que les mômes ou les potes vous descendent en flammes ou vous jettent des pierres. Un exemple ?
Dalida !
Il faudrait me passer à la question pour que j'avoue adorer Dalida !
Dalida - l'Olympia qu'elle voulait
Le début des années 70 marque un tournant pour Dalida, que ce soit dans sa vie de femme ou dans sa vie d'artiste.
Elle sort enfin la tête de l'eau après le suicide de l'amour de sa vie, Luigi Tenco, interprète de Ciao Amore Ciao, qui s'est suicidé en 1967 après son échec au Festival de San Remo (version officielle) et dont elle trouvera le corps dans sa suite. Désespérée, Dalida tentera de mettre fin à ses jours.
Pendant quatre ans elle luttera contre ses démons intérieurs.
Un avortement qui la rend stérile, puis le suicide en 1970 de son mentor et mari Lucien Morisse (ex directeur de programmes d'Europe 1) contribueront à faire de ces quatre années un enfer.
Elle découvre la psychanalyse en lisant Freud, la méditation après plusieurs séjours en Inde mais surtout elle apprendra à s'accepter elle-même, aidée par un coach spirituel.
C'est une nouvelle Dalida qui émerge en 1971.
Un répertoire en quête de sens
Depuis qu'elle a été remarquée par Bruno Coquatrix, patron de l'Olympia de Paris, et par Morisse, elle a été enfermée dans un répertoire yéyé/variété et même si son répertoire s'est internationalisé, cela ne lui suffit plus.
Une rencontre avec Léo Ferré et sa nouvelle passion pour la lecture la pousse vers un répertoire plus littéraire et plus poétique.
Leo Ferré lui offre Avec le Temps car il est le premier à avoir ressenti le talent dramatique de cette reine de la variété.
Dalida : la métamorphose
Exit la brune aux cheveux laqués et crêpés et aux yeux surlignés de noir.
Sa chevelure désormais blondie tombe librement sur ses épaules, comme un symbole d'émancipation. Le maquillage presque naturel la montre telle qu'elle est, plus douce et moins superficielle.
Son mentor Bruno Coquatrix n'approuve pas ses changements radicaux, convaincu que le public ne suivra pas.
Il en est tellement convaincu que quand Dalida lui propose ce tour de chant, il lui refuse tout net de la programmer !
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Collection d'Orlando |
Dalida n'en démord pas !
Elle prend la décision risquée de louer elle-même l'Olympia pour deux semaines.
Si elle se plante, c'est la catastrophe financière pour elle mais aussi pour son frère Orlando qui a complètement pris en main la carrière de sa sœur. Un échec aurait aussi des conséquences psychologiques sur une Dalida qui vient seulement de se reconstruire et de se trouver.
Pour assurer la première partie, elle fait appel à un jeune chanteur avec qui elle s'est liée d'amitié qui comme elle a ses fêlures, lui offrant sa première grande scène, un certain Mike Brant.
Afin de préparer le public à cette nouvelle image, une vaste campagne de pub est lancée avec des affiches dans tout Paris où la chanteuse affiche ce nouveau look.
Sur les media et dans la presse, Dalida se confie sur cette quête de sens, ce besoin quasi viscéral de passer à autre chose.
Cela suffira-t-il à pousser le public jusqu'à la mythique salle ?
Le triomphe de la nouvelle Dalida
Ce 23 novembre 1971, avant de monter sur scène, Dalida est malade de trac.
Ce récital qu'elle a souhaité à peu près seule contre tous est décisif.
De cette voix qui jusqu'à présent roucoulait des chansons sans grand intérêt, elle chante la paix, la guerre, les femmes, le temps qui passe.
Elle joue ses textes de tout son corps, faisant circuler son émotion dans ses bras jusqu'à ses longues mains, telle une ballerine. Elle est sobre tout en dévoilant sa dimension tragique.
La presse est définitivement conquise et dithyrambique. Quand Georges Brassens et Juliette Gréco viendront la féliciter et l'embrasser après le spectacle, c'est pour elle une marque de reconnaissance de la part de ceux qu'elle admire.
Bruno Coquatrix s'excusera, reconnaissant qu'il l'avait mésestimée.
Le critique que Dalida redoutait le plus, c'était le public. Mais dès la première, celui-ci lui fait un véritable triomphe, touché au cœur.
Pendant deux semaines, jusqu'au 5 décembre, elle joue à guichets fermés.
Quelle émotion quand elle interprète Une Vie, elle qui a toujours rêvé d'être mère, et qu'elle enchaîne juste après Avec le temps, magistrale ! Deux curiosités : une chanson interprétée en hébreu (Hene Matov) et un vibrant Mamy Blue en italien.
Figée, tout son chagrin coulant dans ses doigts, elle interprète Ciao Amore Ciao en un hommage douloureux à l'homme qu'elle a tant aimé, Luigi Tenco.
Avec cet Olympia, la "starlette" yéyé a fait sa mue, elle est devenue Dalida la Diva.
ADDENDUM : ne partez pas après le baisser de rideau. Les productions Orlando nous offrent de superbes images de Dalida, à voir et revoir.
Cétait une diva, elle était solaire, intemporelle, elle restera toujours une grande chanteuse, c'est terminé le temps de ces chanteurs et chanteuses qui avaient une aura et un vrai don pour la chanson! Bon samedi à toi.
RépondreSupprimerBonjour Sylvie
SupprimerDésormais il faut du show ! Je ne suis pas contre, à condition que ça ne masque pas la vacuité du reste.
Par rapport au 20e siècle, je trouve qu'il y a peu de chanteurs qui se suffisent à eux-mêmes,.
Dans la chanson française, Dalida est un cas "hybride" quant au répertoire mais elle a en commun avec les autres ce rapport intime avec le public.
Bises
merci de ce concert qui fera plaisir aux parents
RépondreSupprimerc'est par eux que j'ai decouvert, petit, la diva
j'aime bien l'artiste
qu'est ce que j'ai ecouté Itsy Bitsy Petit Bikini
hihihi
et contrairement a la chanson originale anglaise,
elle ne meurt pas a la fin cette fille au bikini
Si et quand je me consacrerai à sa biographie, peut-être vous révèlerais-je le pourquoi de mon admiration pour cette femme dont je guettai chaque apparition à la télé.
SupprimerMoi c'était "Bambino" ! 😃